Tlemcen De notre envoyé spécial ne exposition est organisée par le département patrimoine immatériel et chorégraphie de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011». L'exposition, accompagnée de tables rondes et de concerts, s'étalera jusqu'au 17 novembre 2011 à la maison de la culture Abdelkader Alloula. Le visiteur de l'exposition pourra apprendre tout, ou presque, sur le patrimoine andalou grâce à des textes précis et simplifiés écrits par Abdelkrim Djilali et Karim Sadou, et traduits par Salaheddine Lakhdari, des images, des supports vidéos, des échantillons musicaux des différentes écoles maghrébines de l'andalou et des instruments. Les peintures de Djahida Houadef aident les présents à se plonger dans l'ambiance andalouse. «L'idée de l'exposition et de cet hommage rendu aux maîtres de l'andalou est venue après la récupération d'un corpus de presque 300 manuscrits des héritiers Aboura et Bouali. Les enfants et les petits-enfants de ces artistes ont respecté le vœu de leur grands-parents et parents pour remettre ces documents à une institution d'Etat pour en faire un bon usage», nous a expliqué Zahia Bencheikh, chef du département patrimoine immatériel et chorégraphie. Après l'exposition, les documents seront traités, numérisés et conservés par le ministère de la Culture. Ghaouti Bouali, maître à la Medersa de Tlemcen, a fait beaucoup de recherches sur la musique arabo-andalouse et publié des livres. Il fut parmi les fondateurs du Cercle des jeunes Algériens qui a eu un grand rôle d'éveil culturel et nationaliste. Mohamed Bouali a pris le relais après la mort de son père en 1934. Il a, avec Ahmed Benosmane et Djelloul Benkalfat, créé l'association Gharnata, puis l'association Slam.Kheiredddine Aboura a, lui, fait beaucoup de recherches sur le patrimoine musical andalou. Il a notamment appuyé Larbi Bensari à enregistrer une partie de son riche répertoire. Il a également contribué, avec Djelloul Yelles et Amokrane Hafnaoui, à l'élaboration de l'ouvrage de référence Mouwachahat et azdjal . Fonds didactiques Le père de Kheireddine, Mostefa Aboura avait pris conscience, dès le début des années 1900, de la nécessité de retranscrire les partitions et les poèmes des grands noms de l'andalou de Tlemcen tels que Mâalem Maqchiche, Cheikh Boudalfa et Menouar Benattou. Grâce au travail assidu de Mostefa Aboura, 300 partitions musicales ont pu ainsi être sauvegardées. Les organisateurs de l'exposition «Nouba» ont bénéficié aussi des fonds iconographiques de Mustapha Krabchi, de Abderahmane Benmansour et de Fayçal Benkalfat. «Nous allons mettre les fonds récupérés à la disposition des formations musicales et des chercheurs pour les corriger et les enrichir pour que cette musique perdure et soit promue au niveau international. Nous sommes ouverts à tous les apports qui peuvent venir. C'est justement le but de ces hommages que nous rendons aux maîtres de l'andalou», a indiqué Zahia Bencheikh. Le musicologue Nacer Eddine Beghdadi et Amin Kalfat président de l'association Mustapha Belkhodja d'Oran ont animé un débat sur l'itinéraire artistique de Larbi et Redouane Bensari. «Cheikh Larbi Bensari, dès son jeune âge, a montré son amour passionnant pour la musique. Il avait une préférence pour le violon. Enfant, il quittait discrètement la maison paternelle pour assister à des soirées en ville. Ne voulant pas faire l'école française, son père l'a inscrit à l'école coranique. Il a été initié à la musique andalouse par Mohamed Benchaâbane qui à l'époque tenait un salon de coiffure à Tlemcen», a expliqué Amin Kalfat qui a connu des membres de la famille Bensari. Après avoir formé son propre orchestre, il s'est imposé au fil des ans sur la scène andalouse en Algérie et au Maghreb (il se rendait souvent à Fès, Marrakech et Tunis). Il avait participé à l'Exposition universelle de Paris de 1900 et au premier Congrès de la musique arabe au Caire en 1932. Mardi soir, à la maison de la culture Abdelkader Alloula, l'association Ahbab Larbi Bensari a présenté un concert en hommage à celui qui, d'une manière ou d'une autre, a popularisé le rbab, une tradition qui se perd…Larbi Bensari, qui a chanté tous les genres du chant andalou, du hawzi, au gharnati à la snâa d'Alger, a refusé de porter les habits étroits d'une école musicale aux codes précis. Il était un rebelle à sa manière…