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« Sortir le théâtre de l'école soviétique »
Brahim Nouel. Directeur de l'institut supérieur des métiers des arts du spectacle
Publié dans El Watan le 07 - 09 - 2009

Brahim Nouel est directeur de l'Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l'audiovisuel (ISMAS, ex-INADC). Il est commissaire du Festival du théâtre professionnel. Il est également conseiller auprès du théâtre national Mahieddine Bachtarzi. Rencontré en marge d'un débat à la librairie Socrate à Alger, à la faveur des soirées ramadhanesques des « Mille et Une news » qu'organise le quotidien El Djazaïr News, il revient sur sa première participation au Festival international d' Edimbourg au Royaume-Uni en tant que représentant de l'Algérie. Ce festival, qui est l'un des plus grands au monde, s'est achevé hier. Brahim Nouel a été invité par le British Council qui est l'agence britannique dédiée aux relations culturelles et éducatives.
Quel souvenir gardez-vous de votre participation au Festival international d'Edimbourg ?
D'abord, ce festival permet aux jeunes troupes, qui n'ont pas accès aux grands théâtres, de participer. Ensuite, il s'agit de plus de 3000 participants et de 300 représentations dans des espaces non conformistes : des appartements, des cafés, des jardins, des salles de cours à l'université. C'était intéressant pour nous. Les intellectuels et les hommes de culture du Moyen-Orient et du Maghreb avaient l'occasion de se rencontrer et de discuter dans des forums sur les théâtres arabe, algérien et africain. Il y avait des échanges dans des networks dans des espaces appelés « la base de danse », une bâtisse de trois étages avec des salles de danse, reconvertie en espace de débat. Il y avait également une foire du théâtre. Nous avons été invités par le British Council qui est une fondation publique qui a envie de reconquérir les espaces perdus après la guerre du Golfe. C'est une bonne approche. Cela, en tous cas, nous a permis de nous faire connaître et de participer à cet événement grandiose. Il est plus grand que le Festival d'Avignon (France). J'ai vu des spectacles d'expérience et pas d'expérimentation. C'était cela l'intérêt. J'ai vu le goual autrement : un jeune portant un violoncelle qui raconte une histoire. C'est notre authenticité mais qui est modernisée. J'ai vu aussi un spectacle au jardin botanique la nuit avec des lumières et des sons. Il y avait également des lieux intimistes où les places étaient limitées à quatorze. Il serait intéressant que nos jeunes étudiants et artistes voient ces spectacles. Certains sont encore cloisonnés dans un dogme précis alors que là c'est de l'invention, on laisse place à beaucoup d'imagination et de créativité... Cela m'a donné envie de faire des choses ici.
Des choses ? Par exemple ?
J'ai proposé d'inviter des jeunes Algériens à aller là-bas pour rencontrer d'autres jeunes artistes, comédiens, metteurs en scène. Je pense qu'on a beaucoup à apprendre, mais il serait bien qu'il y ait ce gendre d'échange, non seulement dans le domaine de la créativité artistique proprement dite, comme la mise en scène, mais dans la technicité aussi. C'est simple : peu de moyens, beaucoup de créativité. C'est ce qui nous intéresse le plus dans le théâtre algérien. Il y a une dynamique aujourd'hui et des espaces, mais il faudrait aussi qu' il y ait cette compétence que nous pouvons développer dans les échanges (...) A Edimbourg, j'ai rencontré non seulement les Britanniques qui présentaient des spectacles mais aussi des Indiens, des Arméniens, des Géorgiens, des Arabes, avec qui j'ai fait connaissance. Nous voulons élaborer avec des enseignants des programmes de stages, workshops ; bref, développer des partenariats. Il faut le dire clairement : on est trop cloisonné dans l'espace francophone. Edimbourg est une manifestation importante. S'il y a volonté, je pense que c'est de notre intérêt d'aller vers d'autres horizons, découvrir d'autres théâtres, d'autres partenaires qui semblent intéressés par ce que nous voulons, par ce que nous faisons. C'est intéressant pour la formation à l'ISMAS. En tant que commissaire du Festival du théâtre professionnel et conseiller au TNA, je dis qu'il est de notre intérêt de développer ce genre de partenariat. Les pays du Moyen-Orient ont compris cela. Ils développent une activité intense avec les Britanniques. L'intérêt, pour nous, est d'aller au-delà de ce qui est événementiel et festif et développer des partenariats et d'acquérir d'autres expériences.
Pour le prochain Festival du théâtre professionnel, allez-vous inviter des artistes britanniques ou autres ?
J'ai pris contact avec des participants au festival. Avec M'hamed Benguettaf, directeur du TNA, nous voulons apporter des spectacles avec cette technicité, cette approche et cette créativité. Nous voulons lancer des worksshops et des master class. Certains participants nous ont proposé l'organisation de formations en Algérie sur la scénographie, la composition et la maîtrise de la lumière. La lumière est un élément artistique et technique à part du discours théâtral, et donc, il est important d'acquérir des connaissances pour les jeunes qui ont de la volonté mais qui ne maîtrisent pas toutes les techniques. Ce sont des techniques basiques mais qui sont perfectionnées. Nous avons les moyens techniques, les espaces, les artistes, alors pourquoi pas ! Le problème de la langue ne se pose pas. Le spectacle utilise le discours théâtral. J'ai rencontré des Marocains qui n'avaient pas de grandes aptitudes en anglais, qui avaient parfaitement compris les messages esthétiques et philosophiques des spectacles présentés à Edimburg.
Ne pensez-vous que le théâtre algérien est toujours confiné dans le discours. Les paroles prennent le dessus sur l'esthétique ?
Effectivement. La problématique de la linguistique a toujours pris le dessus. Mis à part quelques auteurs que nous connaissons, comme Benguettaf, qui travaille sur le visuel et l'image, et Alloula, la plupart des pièces algériennes, et même arabes, sont marquées par la présence du discours linguistique. Souvent, on pose la problématique de la langue dans le théâtre algérien alors qu'elle n'existe pas. Le théâtre n'a pas de langue linguistique, par contre, c'est le discours qui est important utilisant le corps du comédien, la lumière, les accessoires… cette expression nous manque. Il y a une faiblesse. Je suis enseignant et je fais mon mea culpa. Cela relève de l'école soviétique, qui est trop classique, et qui utilise que ce gendre d'exercice. Non seulement, il faut sortir de cette école, il faut aller vers d'autres sentiers, créer d'autres pistes… le théâtre c'est la liberté, c'est la créativité. La salle Hadj Omar, au TNA, qui est devenu le Petit théâtre, sera dédiée aux jeunes. Ces jeunes vont nous étonner, il faut leur faire confiance. Les gens de ma génération sont toujours confinés dans l'aspect volontariste, social, dogmatique, alors que les jeunes ne sont pas intéressés par tout ce que nous disons comme discours politique et idéologique. Les jeunes doivent utiliser leur propres codes. Ils sont urbains et ils ont recours au slam et au rap. Ils ont leur code esthétique nouveau qui n'appartient pas à notre génération. Avec cet espace, il y aura beaucoup d'intérêt par rapport au public.
Les jeunes troupes peuvent-elles s'y produire librement ?
Bien sûr. Les associations, les coopératives sont les bienvenus. L'organisation de cet espace est libre. Nous donnons des cartes blanches à des metteurs en scène et à des troupes qui viennent proposer un spectacle nouveau. Je pense que dans cinq ans, il va y avoir des émergences. Dans le sud du pays, par exemple, il existe une dynamique étonnante dans le domaine du théâtre. Nous avons besoin de discuter avec la jeunesse. Dans mon approche analytique, j'ai essayé de comprendre pourquoi le diwan (gnawi) est revenu à la mode. C'est simple : cette musique interpelle la jeunesse, il y a un feed-back. A nous, hommes de théâtre et médiateurs culturels de faire l'effort, ce n'est pas au public de le faire. Moi, je me considère comme « passeur » , comme médiateur, donc, je devrais ouvrir plus. Dans sa démarche, Benguettaf a commencé par l'organisation de « échos de Plume » (animée par Abderazak Boukobba ), la lecture de pièces de théâtre par des jeunes, qui nous ont étonné par leur exigence esthétique et par leur façon de voir le monde et l'Algérie. Le regard est différent et critique. Ces jeunes n'ont aucun tabou. C'est fabuleux pour une génération qui a vécu des moments tragiques. A partir de cet espace de lecture, on passe au deuxième degré. La lecture se fera en haut. Et plus tard, il y aura les spectacles. Il y a donc trois degrés. On peut améliorer la relation avec le public, ramener un autre public et permettre aux jeunes créatifs de se mettre en avant et montrer ce qu'ils peuvent faire. Hadj Omar était jeune lorsqu'il avait commencé à faire des pièces de théâtre et avait beaucoup donné à la culture algérienne. Pourquoi pas d'autres jeunes.


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