L'espace de la librairie Socrate du quotidien El Djazaïr News a ouvert jeudi soir une nouvelle fois ses portes aux débats et à l'animation culturelle. C'est la reprise d'une action lancée durant les soirées du Ramadhan, les fameuses « Mille et une news ». « Nous voulons donner l'occasion à ceux qui créent de s'exprimer. C'est un lieu ouvert à tout le monde durant toute l'année », a précisé Ryadh Aberkane, animateur des débats. Les activités se dérouleront chaque jeudi soir. « C'est un espace présent dans un quartier populaire loin de tout protocole officiel », a précisé, pour sa part, H'mida Layachi, directeur d'El Djazaïr News. Jeudi, le lancement a été fait par la projection, en avant-première, de L'aide au retour, un court métrage de Mohamed Latrèche, par un hommage à M'hamed Benguettaf, dramaturge, comédien et directeur du Théâtre national algérien (TNA) et par la présentation d'un jeune groupe de musique actuelle Deep Sound. « Deep Sound, une découverte 2009 », a lancé Ryadh Aberkane. Des extraits de pièces théâtrales écrites ou réalisées par M'hamed Benguettaf ont été projetées, comme Fatma ou de L'exercice. Brahim Noual, directeur de l'Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l'audiovisuel (Ismas), a rappelé l'itinéraire de M'hamed Benguettaf, 70 ans, depuis ses débuts comme comédien à la radio nationale en 1963. « Il a rejoint le théâtre national en 1966, et est devenu comédien avec Mustapha Kateb, Allal El Mouhib, Rouiched, Azzedine Medjoubi, Keltoum. Avec eux, il a appris énormément, notamment l'écriture de pièces grâce à sa maîtrise de la langue arabe. Il a également traduit une œuvre de Kateb Yacine », a relevé Brahim Noual. Il a rappelé que des pièces de M'hamed Benguettaf, telles que Fatma, ont été traduites dans plusieurs langues, dont l'espagnol et le bulgare. En 1989, M'hamed Benguettaf a décroché le premier prix au festival de Carthage en Tunisie pour sa pièce El Aytta (le cri). Il a écrit, adapté ou traduit plus de 25 pièces et a mis en scène plusieurs autres dont Djeha Oua Nass et L'exercice. Il a fait partie du jury au festival du théâtre expérimental du Caire où il vient d'être honoré. M'hamed Benguettaf est commissaire du festival national du théâtre professionnel depuis 2005. Intervenant dans les débats, il a avoué qu'à l'origine, il voulait être chanteur. « Mes travaux ont été parfois critiqués par les journalistes. Mais, je n'ai jamais réagi. Au contraire, j'apprenais des choses. La critique fait partie de mon univers. C'est lorsqu'on n'écrit pas sur mon travail que je commence à m'inquiéter », a déclaré le directeur du TNA. Selon lui, le théâtre est le miroir de la société et la critique est le miroir de l'artiste. Il a souligné que la majeure partie des comédiens des pièces qu'il a écrites étaient des jeunes. « J'appartiens à une génération qui commence à disparaître. Tous ceux qui ont construit le théâtre algérien ne sont plus de ce monde. La génération de Taha Al Amiri ou de Sid Ali Kouiret ne monte plus sur scène », a relevé M'hamed Benguettaf, soulignant que les années 1990 ont été marquées par une certaine rupture entre les générations. « Les jeunes se sont sentis livrés à eux-mêmes. Il n'y avait personne pour les conseiller. Les jeunes se sont débrouillés seuls. Les promotions qui sortaient de l'Institut de Bordj El Kiffan n'avaient plus où aller », fait-il remarquer. Il regrette que beaucoup de jeunes formés aux arts dramatiques dans cet institut changent de vocation faute de réelles possibilités de travail. A son arrivée au TNA en 2003, M'hamed Benguettaf n'a trouvé que six comédiens contractuels. Il a décidé, alors, de former une véritable troupe qui est composée actuellement de 25 comédiens travaillant à plein temps. « Ils ont une formation académique et ils savent de quoi il s'agit et de quoi on parle. Nous veillons à leur permettre de jouer dans au moins deux pièces par an. Des pièces à présenter soixante-dix fois. Nous donnons la même occasion aux metteurs en scène », a précisé le directeur du TNA. Il a insisté sur l'ouverture de théâtres régionaux dont celui de Tamanrasset.