Dergana, localité située à Bordj El Kiffan, voilà bien une agglomération qui s'inscrit dans le registre des nouvelles cités numériques où les moindres commodités devant hisser le cadre de vie de ses habitants à un rang acceptable, sont absentes. La cité composée d'une forêt d'immeubles enchevêtrés n'a, en termes d'aménagements urbains, nullement progressé ne serait- ce d'un iota. Il y a en fait un manque réel en structures récréatives qui auraient le mérite de soustraire la jeunesse locale aux méandres de la rue. Hormis les cafés qui grouillent de jeunes notamment en ce mois de carême, il n'y a, à Dergana, pas de maison de jeunes digne de ce nom, qui saurait répondre aux attentes de cette frange de la société livrée à elle-même. Par ailleurs, l'anarchie qui prévaut dans les artères de cette cité tentaculaire en dit long sur sa gestion par les pouvoirs publics. L'exemple flagrant de cette situation est cependant l'existence d'un marché informel qui altère considérablement le cadre de vie des résidants des immeubles de toute une rue. « Les services de sécurité ont investi le lieu à maintes reprises en vue de déloger les indus occupants, mais ces derniers ont riposté violemment et continuent toujours d'occuper les trottoirs jouxtant les balcons des rez-de-chaussée de nos appartements », s'indigne un habitant. A Dergana, le recours aux démonstrations de rue est devenu un mode de communication. En somme, la population locale qui vit dans l'expectative de voir un jour ses problèmes réglés en est réduite à ce genre d'expression pour faire valoir ses droits. Outre le marché informel qui pose un réel problème et qui s'avère au fil du temps être une source d'antagonisme continuel entre les habitants et les marchants illicites, la cité regorge également d'immeubles contenant de la fibre d'amiante, molécule qui est hautement cancérigène. « Nous avons alerté toutes les instances concernées par cette situation, mais aucune d'entre elles n'a daigné prendre en charge le problème, d'autant plus que la majorité des locataires ont contracté des maladies liées aux méfaits de la fibre d'amiante, telles que l'asthme et les allergies », assure un autre locataire. Aussi, notons que les ordures et autre détritus ménagers jonchent les artères de la cité et s'amoncellent ici et là dans l'indifférence la plus totale, faute d'un ramassage quotidien d'une part, et de l'autre, l'incivisme de certains habitants y est également pour beaucoup. Aussi, en parcourant les espaces immédiats des bâtiments, on est frappé par l'existence de quelques habitations de fortune qui viennent tantôt se greffer aux immeubles, tantôt aux espaces réservés aux aires de jeux. Des bidonvilles sont en train de se créer progressivement au beau milieu de la cité et cela avec le renoncement le plus absolu des pouvoirs publics. Le cadre de vie des citoyens de Dergana est loin d'être agréable. La cité n'offre à ses habitants qu'une uniformité lassante accentuée par le désengagement des pouvoirs publics.