C'est dans le but de « désengorger » la ville de Dergana, expliquent les responsables de la commune de Bordj el Kiffan, qu'un projet de route initié vient d'être remis sur les rails. Reliant le CW149 au quartier Dergana, cette route traversera, selon ses initiateurs, l'EAI n°3, située à l'ex-DAS Chellal Saïd, à Benzerga, actuellement en pleine activité pour la récolte de maraîchages. « C'est un projet d'utilité publique qui sera d'un grand intérêt pour les habitants de cette localité », affirme M. Faci, élu à l'Apc chargé de l'économie et des finances. Notre interlocuteur rappelle que l'exploitant a été contacté « à plusieurs reprises par les autorités locales et que des rencontres ont eu lieu entre les deux parties ». Pour lui, un projet d'utilité publique ne peut, selon la loi, faire l'objet d'une objection d'autant qu'il peut apporter, ajoute-t-il « beaucoup de biens à la population ». « Souvent, les fellahs sont réticents aux projets d'utilité publique. Nous avons eu l'expérience de l'école à Si Smaïl, ficelé à 100% et qui reste à ce jour pendant. Même cas pour le projet de réalisation d'une mosquée à la cité Kaïdi », affirme-t-il. Tel n'est pas l'avis de l'exploitant, en l'occurrence Amine Bouredji. Ce dernier se dit déterminé à défendre son « gagne-pain bec et ongles ». Ce fellah ne mâche pas ses mots en parlant de visées sur la parcelle de terre qu'il exploite depuis plusieurs années. « je suis en possession de tous les documents qui prouvent que je suis un agriculteur, le seul peut-être qui soit à jour avec les cotisations. je n'ai bénéficié d'aucune aide de la part des pouvoirs publics dans le cadre du plan de soutien à l'agriculture ni même des banques. Tout ce que vous voyez là, je l'ai réalisé tout seul. Je ne suis pas un affairiste ni un beznassi, et je ne compte pas céder ne serait-ce qu' un mètre de mes terres. » Dans des lettres qu'il a adressées à toutes les autorités concernées, l'exploitant atteste qu'il fait l'objet, depuis plus de trois mois, d'un harcèlement sans relâche de la part d'un « groupe d'individus parlant au nom de l'APC sans présenter le moindre justificatif officiel ». La force publique, en l'occurrence des éléments de la brigade de Gendarmerie nationale de Dergana, a été réquisitionnée, suite à un arrêté de réquisition de la force publique portant le n°7, signé par le wali délégué de Dar El Beïda, et ce, afin de permettre à l'entreprise Cebat Khodja, désignée pour la réalisation de ce projet, d'installer son matériel et de démarrer les travaux. Le fait le plus éloquent sur ce document dont nous détenons une copie, c' est que le nom de l'exploitant a été ajouté au stylo, alors que l'adresse mentionnée n'est pas celle du responsable de l'EAI n°3 (l'adresse indiquée est celle de l'exploitation ex-Ahmed Medeghri). Notre interlocuteur est catégorique en indiquant qu'une solution de rechange existe. « Il y a un chemin caillouteux qui mène tout droit vers l'autoroute. c'est un chemin qui est emprunté par tout le monde. Si les autorités locales aspirent vraiment à réaliser une route afin de désengorger, comme ils tiennent à le dire, la ville de Dergana, ils n'ont donc qu'à choisir cette route et à entamer les travaux sans détériorer aucune des exploitations agricoles ni la mienne ni celle de mes voisins », indique-t-il, sans omettre de préciser que pas moins de quatre chemins relient Dergana à la cité Herraga. Des responsables aux abonnés absents Voulant réunir un maximum d'informations concernant cette affaire, nous nous sommes déplacés à la subdivision de l'agriculture de Bordj El Kiffan, située au lotissement Douzi, derrière la résidence universitaire CUB 1, en sa qualité de tutelle et de protectrice des exploitations agricoles de Bordj El Kiffan. A notre grand étonnement, les locaux de cette administration sont dans un état d'abandon total : vitres brisées, bureaux en préfabriqué délabrés. Dimanche, jour de réception, il n'y avait personne sur les lieux, hormis un jeune gardien. Même scénario à la direction des services agricoles de la wilaya d'Alger où le directeur a carrément refusé de répondre à nos questions. Contacté, M. Hassaïm, directeur de la communication au ministère de l'Agriculture, nous précisera qu'aucun projet de route ne peut se faire avec le seul concours de l'APC. Il faudra que d'autres organismes, DTP, wilaya y participent. Ce responsable promet, que toute la lumière sera faite sur cette affaire.