Après la rupture du jeûne, les cybercafés à Naâma sont pris d'assaut par les citoyens de différentes catégories qui viennent rechercher dans ces espaces le savoir ou un peu de divertissement et de détente. « Mouette qui fend la vague marine Et crie ralliement de terre à terre : Beau temps sur le littoral, Au large l'astre forge son erre. Le vent qui pousse l'eau à la dune N'est pas un souffle que l'on redoute. » Cette ligne se développe régulièrement, avec assurance, s'insinue dans les diverses sphères de l'existence personnelle et créative du poète irakien exilé à Londres, depuis plus de quarante ans. Elle atteint diverses couches idéales et émotionnelles sans jamais cesser de nous captiver par l'élégance de sa logique et sa psychologie : « Ciel bleu de l'été aux bornes nulles ; Senteur de sapin du bois silencieux ; Chant de l'oiseau s'enivrant sur les seigles ; Fleur sauvageonne au secret du fossé ; Crissement du gravier sous la semelle ; Tout cela, la patrie. » Le regard de Salah Niazi va et vient entre le passé et le présent et il n'y a dans la sagesse de cette rétrospective existentielle aucun clinquant car pas un instant il ne cède à la tentation de se surestimer, non plus qu'à celle d'une inutile modestie. Salah Niazi, septuagénaire, est suffisamment mûr, pour porter sur lui-même un regard impartiel et pour se voir en grandeur naturel, tel qu'il a toujours été tout au long de sa vie créatrice et tel qu'il est resté aujourd'hui : « Ton cœur, ton cœur méconnaissant le calme Et qui se mue dans le clair de la lampe En mot ; et le mot, chaleur et lumière Sur la feuille de papier virginale ; Qui raconte le sens vrai de ta vie, De tes raisons, de l'air que tu respires. » Les vers de Salah Niazi sont posés, clairs, légèrement teintés de métaphore. « L'image a une fonction entièrement définie », nous dit Salah Niazi. Et d'ajouter : « C'est un élément dans la texture de la mosaïque achevée. »