L'information est de taille. Faut-il mesurer moins d'un 1,70 m pour figurer derrière Sarkozy ? « Ces allégations sont ridicules et grotesques et décrédibilisent les journalistes », s'emporte l'Elysée, sans pour autant parvenir à faire taire la polémique. Paris (France) De notre correspondant C'est la télévision publique belge RTBF qui a lancé un pavé dans la mare en affirmant qu'un casting avait éliminé toutes les têtes dépassant celle du président lors d'une visite de Nicolas Sarkozy dans une usine de l'Orne. « Tout a été extrêmement cadré et défini pour la visite du président, y compris la taille des personnes devant figurer derrière lui sur l'estrade », a confirmé José de Sa Moreira, délégué syndical central de Faurecia (CFDT). Le syndicaliste précise qu'il y avait eu des négociations avec les Renseignements généraux, la préfecture et le cabinet de l'Elysée sur la tenue d'une manifestation, l'autorisation donnée au président et à son entourage de pénétrer dans l'usine sans équipement et le critère de taille. D'après lui, les employés ne devaient pas excéder une taille d'un mètre soixante-dix. Selon la télévision belge, « tout a été mis en œuvre pour ne pas laisser de place à l'imprévu : des questions ciblées, une usine difficile d'accès pour éviter les manifestants et des employés d'autres sites sélectionnés sur casting ». Dans son reportage diffusé samedi, et repris par toutes les télés, une salariée vêtue d'un tablier blanc affirme avoir été retenue pour sa petite taille. L'Elysée et Matignon ont sorti la grosse artillerie pour contrer les allégations de la journaliste belge. Les services du président français ont pris un malin plaisir à rappeler à la RTBF qu'elle avait accusé déjà Nicolas Sarkozy d'être ivre au sommet du G8 de juin 2007 avant de se déjuger quand elle avait appris qu'il ne buvait jamais d'alcool. Cette affaire survient après celle des « figurantes » lors d'une visite du ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, dans un supermarché. On y voyait le ministre être félicité par des consommatrices sur son action avant de découvrir que ces dernières étaient en fait des élus UMP déguisées en ménagères lambdas. Le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon, pointe du doigt la frilosité des télévisions françaises. « Toute cette mise en scène pourrait prêter à sourire, si un manquement beaucoup plus grave n'était aussi révélé par cet événement. » Benoît Hamon s'étonne « qu'une telle manipulation a été relevée par la télévision belge et qu'aucune des télévisions françaises, pourtant présentes sur place dans les mêmes conditions, ne s'en soient fait l'écho. » Il soulève un problème de taille : les rapports entre les médias et le pouvoir. « Les Français ont le droit d'être informés sur les méthodes de manipulation du pouvoir. Il appartient aux médias, en responsabilité, de lever le voile sur ces mises en scène de l'information, et ce d'où qu'elles viennent. »