Le Mouvement démocratique et social (MDS) s'est élevé, dans un communiqué publié hier, contre la montée de l'intolérance véhiculée par les pouvoirs publics. La récente garde à vue d'une émigrée et de son cousin à Alger pour ne pas avoir observé le jeûne ont fait sortir les membres du MDS de leurs gonds. « Le Ramadhan est l'occasion d'un regain du terrorisme islamiste mais aussi d'une recrudescence de l'intolérance officielle, l'un alimentant l'autre. La police vient encore de mettre en garde à vue une émigrée et son cousin parce qu'ils n'accomplissaient pas le jeûne, ce qui reste pour le pouvoir un dénigrement des préceptes de l'Islam », peut-on lire sur le communiqué en question. Pour les membres du MDS, il ne s'agit pas seulement d'une dérive policière, mais celle d'un « système qui assimile les harraga à des terroristes, criminalise toute contestation sociale et oblige les Algériens aspirant à la justice et à la liberté à vivre comme des clandestins dans leur pays ». Le MDS compare l'Algérie de Bouteflika au Soudan de Omar El Bachir, qui vient de condamner Loubna Ahmed El Hussein à une amende pour avoir mis un pantalon. Le parti du défunt Hachemi Chérif s'interroge : « Que pouvait-on attendre d'un pouvoir qui proclame qu'il respecte les libertés syndicales et qui se prépare à une tripartite dans les syndicats autonomes. » Pour les membres, le pouvoir de Bouteflika « contrarie » toute « avancée fondamentale ». « Les autorités en charge des questions religieuses voudraient faire croire que l'Islam interdit la pratique des autres cultes et que la religion serait menacée par les non-musulmans ou par les non-pratiquants. La menace réside dans cette inquisition, dangereuse aussi bien pour les non-musulmans que pour l'Islam et les musulmans », soulignent les rédacteurs du communiqué. Et de rappeler : « C'est ainsi qu'on a vu à Berriane s'opposer malékites et ibadites et observé une levée de boucliers contre le livre de Khaled Bentounès qui est pourtant le dirigeant religieux de la confrérie alaouia. » Les militants du MDS s'indignent du fait « qu'on emprisonne ceux qui mangent un casse-croûte, on libère les égorgeurs islamistes et les prédateurs du système qui ont détourné des milliards ». Dans cette logique, disent-ils, le pouvoir charge Farouk Ksentini de relancer le débat sur l'amnistie générale dont pourraient bénéficier, en premier lieu, ceux qui ont causé du tort à la religion.