Après moult tergiversations, l'Algérie, la Mauritanie, le Mali et le Niger se sont enfin décidés à collaborer dans le domaine de la lutte antiterroriste. Les experts militaires de ces quatre pays ont fixé les termes de cette collaboration, dimanche à Alger, à l'issue d'une réunion au cours de laquelle a été élaboré un plan précis de lutte contre la criminalité et le terrorisme islamiste dans la région du Sahel. Cette réunion intervient après la rencontre, le mois dernier à Tamanrasset, des chefs d'état-major des armées du Mali, du Niger, de la Mauritanie et de l'Algérie et qui a permis, dans un premier temps, d'évaluer le niveau de la menace terroriste. Au regard de la quantité de travail abattue, dimanche à Alger, les troupes de quatre pays qui seront engagées dans la mission de « nettoyage » du Sahel et la sécurisation des frontières ne devraient pas tarder à être opérationnelles. « Nous venons juste de boucler les détails d'un plan technique qui permettra à nos armées de travailler ensemble pour lutter contre le terrorisme et la criminalité dans le Sahel », a déclaré, à ce propos, un responsable militaire malien à RFI. L'accord passé entre l'Algérie, la Mauritanie, le Mali et le Niger a mis du temps à se dessiner. Plusieurs années de négociations et de discussions ont été nécessaires pour rapprocher les points de vue. L'idée de la création d'un front commun contre le terrorisme au Sahel remonte à l'été 2004 lorsque certains pays du Sahel, soutenus à l'époque par Paris, avaient appelé à la tenue d'un sommet au Mali pour élaborer une stratégie de lutte contre les groupes terroristes et les trafiquants de drogue au Sahel. Les ingérences et le frein géopolitique Les enjeux géopolitiques, les ingérences régulières de puissances étrangères dans la région et les rébellions cycliques des Touareg maliens ont fini, néanmoins, par avoir raison de toute volonté consistant à mettre en place une politique sécuritaire régionale coordonnée pour venir à bout des groupes terroristes qui écument le Sahel. Le plan américain destiné à former certaines armées de la région aux techniques de la lutte antiterroriste, baptisé « Plan Pan Sahel », est, pour ainsi dire, à l'heure actuelle, la seule initiative soucieuse concrètement de renforcer les capacités opérationnelles des armées des pays du Sahel et de trouver des parades aux incursions terroristes. En raison des moyens limités dont elle bénéficie, celle-ci reste toutefois sans grand impact sur le terrain. La décision, récente, des gouvernements algérien, mauritanien, malien et nigérien de ne plus faire cavalier seul dans le traitement de ce dossier de la lutte contre le terrorisme s'explique, sans conteste, par la grave dégradation de la situation sécuritaire que connaît la région ces derniers temps (cela particulièrement en Mauritanie et au nord du Niger et du Mali) et la multiplication de kidnappings de touristes étrangers dont certains ont même été assassinés. En août dernier, les terroristes affiliés à Al Qaïda au Maghreb avaient, rappelle-t-on, fait de nombreuses victimes dans les rangs de l'armée malienne. Durant la même période, un jeune Mauritanien s'était également fait exploser en actionnant une ceinture d'explosifs devant l'ambassade de France à Nouakchott. En guise de réaction aux actions des terroristes, les représentants des Etats ayant pris part, dimanche, à la rencontre d'Alger, ont décidé dans un premier temps de mener une opération d'envergure pour « nettoyer la région », pour laquelle de gros moyens seront dégagés. Des sources avancent que les troupes sur le terrain bénéficieront notamment d'avions de combat. Des sources évoquent aussi, dans un second temps, des échanges d'informations et la mise en place de patrouilles mixtes coordonnées. L'on indique aussi que les troupes des quatre armées auront un même territoire. Cela veut dire que les soldats algériens auront la possibilité, à l'avenir, de poursuivre et de combattre des terroristes sur le sol malien.