Le 26 octobre dernier, la Commission centrale d'arbitrage (CFA) a adressé une correspondance aux Ligues régionales pour leur communiquer la liste des arbitres directeurs et arbitres assistants retenus pour le concours d'admission au titre d'arbitre interligues qui aura lieu le 19 novembre à Aïn Benian. Sur cette liste, figure le nom de l'arbitre Bouchenab Moussa qui relève de la Ligue régionale d'Alger (LRFA). Après enquête, il s'avère, effectivement, que cet arbitre ne s'est pas engagé auprès de sa Ligue cette saison. Automatiquement, cela le prive de la police d'assurance obligatoire pour tout arbitre en activité, cela entraîne une conséquence immédiate. Il ne peut en aucune manière être désigné pour arbitrer et, encore moins participer à un concours de passage de grade. Par quelle magie un arbitre non engagé et non assuré peut-il être retenu pour un concours et, pire encore, être désigné pour diriger des rencontres ? Depuis le début de la saison en cours, il a dirigé 4 matches en U21 et U19. C'est une dérive. Dans les annales de l'arbitrage algérien, pareille situation ne s'est jamais produite. Les responsables de ce grave précédent mesurent-ils les conséquences qu'entraînerait leur décision si par malheur l'arbitre en question est victime d'un malaise sur le terrain ou d'un accident de circulation en se rendant ou en quittant le stade ? Il n'est couvert par aucune assurance. La loi prévoit des poursuites pénales à l'encontre des auteurs de ce type de faute. La commission des arbitres de la Ligue d'Alger et la Commission fédérale d'arbitrage (CFA) se partagent équitablement cette dérive. Il y a deux hypothèses. La première, la CFA n'est pas au courant de la situation administrative de l'arbitre qu'elle désigne régulièrement depuis le début de saison. Cela n'est pas normal et contredit la thèse selon laquelle cette structure (CFA) travaille en harmonie avec l'ensemble des organes de l'arbitrage au niveau des Ligues. Seconde hypothèse, la CFA couvre ce type de dérive et là c'est très grave et interpelle directement tous les responsables concernés. Des joueurs fraudés par des clubs, c'est du déjà-vu, mais que des instances de l'arbitrage utilisent le même procédé avec un arbitre est la preuve irréfutable de la déliquescence d'un segment important du football. Comment est-il possible qu'une telle situation puisse se produire en 2011 ? La question a été posée à un membre de la CFA qui a répondu : «La CFA n'est pas au courant que M. Bouchenab n'a pas accompli les formalités d'engagement au niveau de sa Ligue (LRFA), et que de ce fait, il ne peut officier aucun match pour la simple raison qu'il n'est pas assuré. Si ces faits sont avérés, c'est une grave faute que doit assumer celui qui l'a proposé aux désignations.» Le responsable de la commission des arbitres de la LRFA, Toufik Mazari, est le premier mis en cause dans cette affaire. Avec la complicité d'un membre de la CFA qui serait derrière les quatre désignations de Bouchenab, le premier cité n'a, à aucun moment, pris en considération la situation irrégulière de l'homme en noir. Pis encore, il a été singulièrement rappelé à l'ordre par le président de la Ligue lors d'une réunion hebdomadaire du bureau de Ligue sur ce cas lorsque le président a pris connaissance de la liste des arbitres à assurer et où figurait M. Bouchenab. Le rappel à l'ordre a été sec : «J'ai attiré votre attention sur le cas de cet arbitre que je ne peux assurer du fait qu'il n'a pas rempli sa fiche d'engagement comme le stipule le règlement.» La mise en garde n'a eu aucun effet sur la poursuite du parcours de l'arbitre Bouchenab. Il continuait à être régulièrement désigné au mépris du règlement qui régit l'activité des arbitres. Les auteurs de cette transgression ont opté pour le passage en force pour placer cet arbitre dans la liste de ceux qui passeront le concours d'admission au grade d'interligues. Cette affaire renseigne un peu plus sur les pratiques en cours dans l'arbitrage pour promouvoir certains et briser d'autres. Le tout, loin des considérations objectives qui guident les décisions et choix des responsables de cette importante structure. De jeunes arbitres de qualité sont ignorés, méprisés au profit «d'élus» triés sur le volet et pour des considérations éloignées de l'intérêt général dont se glosent les apôtres du tout va bien. Cet épisode malheureux atteste d'une vérité que beaucoup ne veulent ni entendre ni admettre, celle des maquignons qui font de l'arbitrage et des arbitres un juteux commerce.