En ce Ramadhan de l'an de grâce 1430, le nouveau, ou semi-nouveau week-end est venu conforter un farniente atavique, où tout y a trouvé son compte, sauf le bon sens. Désormais, chacun agit à sa guise. Jeudi, dès midi, la plupart des administrations décrètent la désertion, faisant mine de croire que le jour précédant un vendredi est une fin de semaine tacitement accordée. Donc, jeudi, ne comptez pas arranger vos affaires administratives ; passe encore pour celles judiciaires. Vendredi matin, qui est censé être ouvrable, au moins jusqu'à 12h, si l'on devait suivre une logique du week-end, reste vendredi, c'est-à-dire si on fait sa prière, on ne doit en aucun cas travailler. Et c'est une cacophonie inextricable, la majorité des titres de la presse est acculée à observer un week-end qui n'en est plus un, et de paraître samedi au lieu de vendredi, allant ainsi à contresens de l'officiel, qui est, paraît-il, le samedi. Ah ce fameux samedi, faut-il le considérer comme un jour de repos ? Se reposer de quoi au fait ? Des douze travaux d'Hercule, certainement, et sans rire, car tout compte fait, qu'a-t-on gagné avec ce nouvel état de chose ? Beaucoup ! diraient de leur côté les professionnels de l'économie. Et ma foi, on jurerait que c'est tout de même laissé à l'appréciation du peuple. Les gens sont fatigués d'avoir « tant trimé » et trois jours leur sont présentés comme des mets ragoûtants sur un plateau d'or, ils sont cordialement invités à les consommer tous, jusqu'à l'indigestion. Tant pis, on s'arrangera comme on peut avec les quatre jours restants, quitte à courir comme des fous pour rattraper le temps qui nous file entre les doigts, n'est-ce pas ?