En ce premier samedi férié, Alger semblait, ce matin, plutôt bien s'adapter et plus rapidement qu'on ne l'aurait cru, au nouveau régime. Très peu de passants, magasins fermés en majorité, les rues de la capitale affichaient leur mine des vendredis «d'antan». La rue Didouche-Mourad est «sous l'habit» du vendredi. Les deux côtés du trottoir qui grouillaient de monde les samedis d'«autrefois» étaient presque vides ce matin à 8h 30. La plupart des magasins qui se trouvent de part et d'autre du boulevard sont fermés. Le constat est le même au niveau des rues Hassiba-Ben-Bouali et Larbi Ben-M'hidi. En effet, les commerçants ont, dans leur quasi-totalité, baissé rideau. Mis à part quelques boulangeries et cafétérias qui ont préféré assurer un service minimum en ouvrant leur portes aux rares clients qui se présentaient d'un moment à l'autre. Cela contredit les prévisions du porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), Hadj Tahar Boulenouar, qui avait estimé, il y a quelques jours, que 90% des commerçants algériens ouvriraient leurs magasins les jours du nouveau week-end, notamment le samedi. Ainsi, les Algérois ont suivi sans grandes difficultés le nouveau réaménagement des horaires de travail et de repos décidé dernièrement par le gouvernement pour des raisons économiques. Interrogé sur le nouveau week-end appelé communément «week-end semi-universel», particulièrement sur ce deuxième jour du nouveau week-end, un policier en faction à la place Maurice-Audin à Alger-Centre nous a indiqué que l'ambiance qui règne ce samedi matin au niveau de la capitale ne diffère pas beaucoup de celle du vendredi d'antan. Par ailleurs, les bus de l'Entreprise nationale de transport urbain et suburbain (Etusa) circulaient presque à vide. Ainsi, les bus assurant les liaisons Alger-El-Biar, Alger-Hydra, Alger-El-Mouradia, pour ne citer que ces exemples, sont presque vides, alors qu'ils étaient bondés les samedis de l'ancien week-end. «Notre direction (Etusa) a décidé de travailler avec tous nos effectifs mécaniques et humains comme les autres jours de la semaine, car nous ne savons pas encore quelle sera la réaction des usagers ce premier samedi du nouveau week-end», a indiqué un contrôleur de cette entreprise. «Je peux vous dire, toutefois, qu'il y a moins de monde que prévu», a-t-il ajouté. Les services publics tels que les mairies, les banques et les ministères ne travaillent pas aujourd'hui, conformément au nouvel aménagement des horaires de travail et leur répartition à l'intérieur de la semaine dans le secteur public. De son côté, l'entreprise Algérie Poste a pris les dispositions nécessaires afin de mettre en application le décret exécutif relatif aux aménagements des horaires de repos hebdomadaire dans le secteur des institutions et administrations publiques. Ainsi, ses services ont ouvert leurs portes aux citoyens. Cependant à la Grande-Poste les guichets étaient presque déserts, les quelques clients qui s'y trouvaient se comptaient sur les doigts d'une main. Certains Algériens, qui semblent perturbés par l'instauration du nouveau week-end, prendront quelques semaines pour s'adapter au nouveau régime. La semaine algérienne, «plus conforme» à la semaine astrale Le repos hebdomadaire, désormais organisé en Algérie les vendredis et samedis au lieu des jeudis et vendredis, représente, sur le plan historique, le week-end «le plus conforme» à la semaine astrale originelle, selon un spécialiste en anthropologie des religions, le Dr Zaïm Khenchelaoui. Ce dernier a affirmé à l'APS que «dans un souci d'harmonisation, l'Organisation internationale de standardisation, dans sa norme ISO 8601, précise qu'une semaine commence le lundi. Or, la tradition historique veut que la semaine universelle ne commence ni le samedi, comme il est d'usage dans la plupart des pays musulmans, ni le lundi comme c'est le cas dans tous les pays chrétiens et dans le reste du monde, mais plutôt le dimanche», a précisé l'anthropologue des religions. Le Dr Khenchelaoui a tenu à préciser que «le premier jour de la semaine chez les Chaldéens et les Babyloniens correspondait à dimanche comme il apparaît dans l'appellation des jours de la semaine chez les Arabes où le premier jour de la semaine est désigné par son nom ‘'ahad'' qui veut dire littéralement ‘'premier jour''», faisant remarquer que «les Arabes préislamiques appelaient ce jour «awal». Le chercheur a expliqué, dans le cadre de l'appellation des jours, que «le deuxième jour de la semaine c'est ‘'ithnayn'', puis le troisième jour ‘'thulâthâ'', le quatrième jour ‘'arbiaâ'', le cinquième jour de la semaine ‘'khamîs'' et enfin les deux derniers jours qui clôturent la semaine arabe sont ‘'al-jumua'' qui renvoie à l'idée de rassemblement et ‘'sabt'', mot qui veut dire en arabe classique ‘'pause''».Indiquant que le samedi (sabt en arabe) «est apparenté au chiffre ‘'sept''», le Dr Khenchelaoui a ajouté qu' «il était de coutume chez les peuples sémites tels que les Arabes, les Assyriens, les Babyloniens de ne rien entreprendre le septième jour de la semaine qui correspondait à samedi».