Tiaret est en deuil. Et pour cause, la triste nouvelle du décès de Benferhat Tahar s'est répandue, ce vendredi, comme une traînée de poudre aux quatre coins de l'Algérie, notamment dans la région de Tiaret, qui l'a vu grandir. Celui qu'on surnommait le «roc du Sersou», l'ex-capitaine de l'équipe nationale (1964/1974) et coqueluche de la JSMT des années 60/70 s'était retiré de la scène sportive et publique il y a quatre années, souffrant d'une maladie qui ne l'avait pas empêché, les premiers mois, de rester en contact avec les milliers de gens qu'il connaissait : il avait la dégaine facile et la boutade au bout des lèvres. L'esprit espiègle, élégant comme toujours et chicaneur, Tahar était, pour reprendre une expression d'un confrère, le «caïd de Tiaret». Plusieurs de ses anciens coéquipiers qui voulaient s'enquérir de sa santé n'ont pu le faire, car Tahar s'enfermait de jour en jour sur lui-même. Son seul refuge était ce petit musée qu'il chérissait tant et étoffait de présents, cadeaux et souvenirs impérissables ramassés durant sa longue carrière qui l'a mené du stade «la SAS» jusqu'aux tréfonds de l'Afrique et de l'Amérique latine. Né le 23 mars 1944, il pénétra le monde du football à un âge précoce et sa carrière internationale débuta le 5 juillet 1964, quand il a disputé un match en tant qu'arrière central face au Dynamo de Zaghreb de l'ex-Yougoslavie. Dix années plus tard, sa carrière internationale s'achève quand l'Algérie disposera du Maroc à Casablanca sur le score de deux buts à zéro. Il venait de boucler 41 sélections et un but. Entre-temps, Tahar était devenu le capitaine incontournable et constituait avec son compère Miloud Hadefi la charnière défensive des Verts. Cela ne le dispensera pas d'être sur les terrains quand il prolongera pour longtemps avec son équipe de cœur, la JSMT. Il a raccroché les crampons après avoir entraîné plusieurs équipes de l'Ouest, de la JSMT à l'ASM Oran, l'USMBA, le WA Mostaganem, en passant par le SC Mécheria, l'IRB Sougueur, le WAB Tissemsilt et l'Olympique Sempac Tiaret. Avec la JSMT, il y avait un amour charnel et bien que les Bleu et Blanc aient frôlé, en 1987/1988, le titre de champion d'Algérie avec les Maidi, Saib, Iratni, Naït Yahia, Boussa, Gueffaf, Rabat et Benyamina, entre autres, celui qui devint l'entraîneur épisodique d'«Ezzerga» n'eut aucun titre au palmarès, la satisfaction y était côté public, tant la joie que procurait ce beau football pratiqué faisait fi des résultats. Qui ne se souvient de ce pied magique qui transformait les coups francs en beaux buts. Tahar en a fait sa spécialité, au grand bonheur de ses amoureux. Après la disparition de Laribi Abdelkrim, alias Krimo, son coéquipier à la JSMT et en équipe nationale, Tiaret perd un grand monsieur. Braik Mohamed, alias Banus 2, abasourdi par la nouvelle, témoigne : «Tahar était un membre de ma famille, je ne trouve pas les mots pour le qualifier, mais je peux dire que Tiaret a perdu un grand homme.» Même le chef de l'exécutif, à travers un message, a tenu à exprimer sa compassion. Beaucoup d'anciens footballeurs ont fait le déplacement à Tiaret pour assister à l'enterrement. De Belloumi à Chemaâ, en passant par d'autres gloires du football, unanimes à reconnaître «l'homme affable et courtois» que fut Tahar. Le défunt a été inhumé après la prière d'El Asr au cimetière de la ville en présence d'une foule immense. Paix à son âme.