«L'inflation est un impôt supplémentaire pour les lambdas, une récompense et une aubaine pour les prédateurs, et un bol d'air frais pour le système capitaliste sauvage.»Benallal Mohamed Le thermomètre de la mercuriale est intercepté généralement par la société algérienne pendant seulement le mois de Ramadhan, mais cette année a été un peu trop typique, le mois de carême avait coïncidé avec le début des grandes vacances de l'été algérien, suivi de très près par l'Aïd El Kebir, où le mouton faisait la une de tous les portefeuilles, pour se terminer avec le début de la rentrée scolaire : que de dépenses face à un revenu de misère ! Toutes ces fêtes annoncées et vécues à grandes dépenses avaient fait vibrer à sec le portefeuille débiteur de l'Algérien lambda. Vu du côté où le courant d'air prend effet, la croissance économique, au lieu de grimper pour faire face à une demande exponentielle faite de nouveaux besoins utiles et d'emplois nécessaires, la création de la monnaie pour booster l'investissement aurait été plus intéressant car dans le futur la création de la richesse comblera la valeur réelle de cette monnaie. Un dinar méconnaissable car sa valeur a été mise sur le plateau de la spéculation, trop piétiné sur la place Port-Saïd, le dinar vient de perdre ses supports de maintien de ses biceps, que ce soit en production nationale de biens et de services, ou bien en or cumulé pour mieux s'appuyer et donner la force au pouvoir d'achat des Algériens lambdas. «Le drame de la société – occulté par la prospérité des marbriers et la satisfaction des fleuristes – quand on inhume un homme, c'est de devoir enterrer en même temps un pouvoir d'achat.» P. Bouvard Devant cette situation nationale de vaches maigres (revenus en baisse) et d'idées faibles (absence de vision), la consommation des ménages se lance vers la boustifaille, l'unique segment économique pour faire vivre notre panse dans le but où le lambda algérien fait l'effort de respirer à sa faim afin de garantir le minimum de sa santé quotidienne, c'est-à-dire pouvoir au moins marcher, regarder et écouter, pas pour comprendre, mais pour parler car pour se loger, s'habiller, voyager, prendre des vacances, ce sont des actions ajoutées au rêve de l'Algérien lambda qu'il a proscrits à jamais. Les magasins de biens alimentaires commencent à s'habituer à un comportement économique et social bien nouveau, celui de la hantise du crédit qui dure pour devenir non remboursable. Ils affichent : «Le crédit est mort», «La maison ne fait pas de crédit»… et le client lambda perd sa dignité devant les effets boutoirs de la misère. Pourquoi l'Etat se permet de contracter des crédits à sa guise et pourquoi pas nous, citoyens lambdas qui avons tant besoin pour au moins avoir le lait, le pain, la patate, l'eau, l'électricité… ? Malheureusement, je n'ai pas connaissance des dernières prévisions pour voir et confirmer selon ma petite compréhension qui fait que l'économie algérienne est dans un cap de redressement ou un cap échéant de marasme économique ou de dépression, mais ce que je constate, c'est que la rente des ressources naturelles nous fait ouvrir le marché algérien où toute la camelote chinoise et d'ailleurs, en plus des ordures importées à coups de devises sonnantes et trébuchantes, font changer l'image de l'Algérie croyant au faux bien-être économique et ils nous font croire que la relance économique se fait par la multiplication des registres de commerce, même le programme du président de la République fait référence au 100 locaux commerciaux par commune, soit 1541 communes par 100 locaux, ce qui équivaut à 154100 registres de commerce qui activent à faire nourrir l'économie et l'emploi d'ailleurs. Durant les années 70', les investissements dépassaient les 45% du PIB, un taux de change stable, la croissance économique se situait aux alentours de 7 et 10% et les besoins étaient semblables au commun des mortels, l'austérité était l'apanage de tout le monde et peut-être même que cette frugalité était vécue dans une sorte de communion. Le bonheur était bien meilleur que celui d'aujourd'hui, bien que la mesure d'appréciation est un peu délicate, l'école était à la hauteur des événements, sans trop entrer dans les détails. Aujourd'hui, l'investissement se fait dans le cadre du développement des infrastructures de base, le reste n'est que du commerce alimenté par la matière importée, sauf pour les «gazouz» (limonades) dont le taux d'intégration et celui de l'eau est à 100% algérien, le reste provient d'ailleurs, sans faire le tour des produits made in chez nous. Sur le terrain, la face réelle de l'Algérien lambda devant de belles vitrines bien achalandées, dans les supérettes où beaucoup de produits d'ailleurs, très peu d'ici, au niveau du marché les fruits et légumes, ce terrain nous met en lumière les acteurs de l'actualité économique où le prix n'a plus de valeur et les pièces d'argent qui circulent sont celles de 200 DA, le reste en moins ne valent pas l'endroit ni le bien mis en vente. On dit d'une économie qu'elle est performante lorsque les indices économiques sont au vert, les agents économiques bien portants, une croissance économique positive, un emploi en croissance, une productivité importante, une richesse nouvelle et un capital en voie d'accumulation positive qui font booster la demande de consommation et donc une amélioration nette du niveau de vie du citoyen lambda par un pouvoir d'achat conséquent. Les grèves au niveau économique ne font pas partie de nos us et coutumes, sauf qu'en 1988 quand le président Chadli demandait au peuple de s'opposer à la consommation de la viande devant la hausse vertigineuse du prix de ce dernier. Autrement, le boycott d'un produit se fait à cause de sa cherté (hausse des prix) et l'absence d'épargne d'un faible revenu sans prendre en considération ceux qui ne possèdent pas de revenus et qui vont être reclassés dans la catégorie de la classe des misérables. Le gaspillage est un des premiers facteurs d'érosion du revenu, l'énergie, l'eau et certains autres produits de première nécessité soutenus provisoirement par l'Etat… beaucoup de facteurs négatifs se sont accumulés pour pénaliser l'activité économique, sans parler du manque de vision, de croissance économique, sociale, culturelle, de stratégie, de développement, de prospérité… Du mauvais pour le pouvoir d'achat A partir d'octobre 2018, le déficit de la Caisse nationale des retraites ne fait que s'amplifier anormalement, sans sonnette d'alarme, le manque de cotisations sociales, par le vide de l'emploi formel et de la généralisation de l'informel vont faire éclater la CNR, mais aussi la face de l'économie en général. La baisse des prélèvements de cotisation et de l'imposition fiscale feront quand même des perdants au sens de la logique de l'orthodoxie budgétaire de l'Etat. Nous ne savons pas du tout jusqu'où le pouvoir d'achat des Algériens lambdas devrait «chuter un de ces jours» affichant une baisse de la recette suivie d'une croissance négative. Sans aucune prévision, une baisse conséquente en raison d'une chute plus forte escomptée des revenus financiers issus de la chute du prix du pétrole. Il reste toutefois une inconnue de taille, celle de la part de ce surcroît d'argent disponible de la planche à billets qui va être réinjectée dans l'économie pour mieux noyer le citoyen lambda qui ne sait pas nager dans cette mer économique trop agitée. L'incertitude de l'évolution de la consommation En effet, le lien entre l'évolution du pouvoir d'achat et l'évolution de la consommation est loin d'être mathématique. Les ménages ordinaires algériens ont ainsi tendance à compenser la baisse de pouvoir d'achat en épargnant un peu moins pour protéger leur consommation dans un premier temps, mais l'inflation ravage l'épargne et l'esprit du citoyen moyen. Le mouvement inverse n'est pas du tout attendu. Hier, on nous apprenait que le revenu est égal à la consommation. Pour la fin de l'année, et avec beaucoup de précaution, je peux vous avancer que la consommation «va encore chuter», mais dans une moindre proportion que le pouvoir d'achat. La prévision de la consommation reste difficile. Or, son poids sur l'économie nationale est primordial, les dépenses des ménages constituant un taux important du PIB. A côté, d'autres éléments d'incertitude sur le prix du pétrole alors que la production nationale n'a de gros bras pour la soutenir. Par conséquent, une société qui se dit respectable, méritante et imposante est celle qui est reconnue comme une entité qui produit de la richesse et non de la fausse ou virtuelle richesse confectionnée par une monnaie non conventionnelle. Une société digne est en mesure de distribuer équitablement à sa propre population (richesse) ses biens produits, c'est celle qui facilite par des services simples et efficaces la production, la distribution et la commercialisation, où l'intelligence et la compétence sont mises au service uniquement de la société pour qu'elle prospère dans le vrai (richesse), le bien (clarté) et le beau (justice). Par contre, une société qui vit de la rente des ressources naturelles laissant de côté la cohérence qui sert à fabriquer des règlements, des normes, des principes, des lois embellis par une étique humaine pour mieux rendre les services plus transparents et plus efficaces sinon très performants, cette société est condamnée à se soumettre à ceux qui l'alimentent en biens et services. Le résultat se fait sentir dans l'utile, le nécessaire et l'agréable ; une contrainte générale dans les différentes sphères de production, de distribution, de commercialisation de services déréglemente le système et ajoute des surcoûts qui facilitent la venue de la crise économique, sociale et même culturelle.