Comment les familles algériennes affronteront-elles la rentrée scolaire ? Cela va être l'une des rentrées les plus difficiles du point de vue social. Elle intervient dans un contexte marqué particulièrement par des dépenses excessives. Le Ramadhan est le mois où les familles dépensent le plus d'argent, mais il y a aussi la période des vacances d'été où beaucoup de foyers se ruinent. Et comme le pouvoir d'achat est en baisse sensible, cette situation va fragiliser les familles. Première conséquence : les ménages vont davantage sombrer dans l'endettement, d'autres devront faire appel aux solidarités familiales pour assurer le minimum à leurs enfants scolarisés. Mais à moyen terme, on verra la manifestation d'une forte dégradation de la qualité de vie de beaucoup de familles. Elles vont voir leur alimentation s'appauvrir. Par ailleurs, nous allons assister, dès l'automne, à la multiplication de mouvements de protestation sociale à travers le pays. Quelle est la proportion de familles touchées par ces difficultés sociales ? En termes de statistiques, il est difficile de quantifier le nombre de familles algériennes vivant dans des conditions sociales intenables, quoique les chiffres qu'on avance ici et là montrent à quel point la pauvreté frappe des pans entiers de la société. On voit autour de nous, dans les zones reculées et même dans les grands centres urbains, la manifestation de la misère. Il n'y a qu'à voir le nombre de « restos du cœur » en ce mois de Ramadhan pour se rendre compte de la propagation alarmante de la misère. La pauvreté ne touche pas uniquement les gens au chômage ; ceux qui travaillent aussi n'arrivent pas à vivre dignement avec leur salaire. Cela va-t-il avoir des répercussions sur le rendement des élèves durant leur scolarité ? Inévitablement. Vous savez, quand l'enfant n'ouvre pas droit à des habits de bonne qualité, ne mange pas bien et ne dispose pas d'articles scolaires, cela crée des complexes chez lui. Il ne peut avoir que de faibles résultats. L'échec scolaire est dû en grande partie aux dures conditions sociales dans lesquelles évolue l'enfant. L'Etat essaie de « colmater » ces défaillances par des aides octroyées aux enfants nécessiteux. Cela est-il suffisant ? Bien évidement non. Ce ne sont pas des moyens qui peuvent amener les familles à sortir définitivement de l'engrenage de la pauvreté. L'Etat s'improvise et bricole des voies de sortie. L'aide qu'on donne aux familles nécessiteuses est perçue comme une aumône. Mais cela dit, face à une situation d'urgence, il est utile de leur venir en aide rapidement, et pas seulement par l'octroi de 3000 DA et de trousseaux. Il faut rouvrir les cantines scolaires dans toutes les écoles et assurer le transport partout où les élèves en on besoin. Cependant, l'éducation étant une obligation de l'Etat, il est du devoir des pouvoirs publics d'assurer toutes les conditions à même de permettre la scolarisation normale de tous les enfants.