Photo : Sahel De notre correspondant à Tlemcen Mohamed Medjahdi
Les achats semblent avoir démarré de la façon la plus spectaculaire au niveau de nombreuses grandes surfaces. Les cliens se sont rués sur les produits alimentaires et les articles de ménage, très sollicités généralement durant ce mois sacré considéré comme une période de forte consommation. Chaque année le problème l'approvisionnement du marché et le comportement irresponsable de certains commerçants refont surface. Les responsables annoncent à chaque fois une abondance, ce qui signifie une baisse des prix. Cependant et depuis longtemps, les produits sont en hausse, et les prix semblent être amenés à caracoler davantage durant ce mois sacré. L'escroquerie prend une telle ampleur pendant les périodes de grande consommation, tel le mois de Ramadhan, que le peu de moyens humains et matériels des services de contrôle sont incapables de la juguler. L'origine du mal est, certes, le manque de transparence, du fait de l'absence d'un organisme fiable qui suivrait l'évolution des prix et en rendrait compte aux consommateurs. Difficile de toucher deux cibles avec une seule pierre. La rentrée scolaire d'une part et le mois de Ramadhan, d'autre part, laissent les pères de famille sceptiques, et ruinés par les dépenses. Le salaire et les quelques économies sont effrités par les faramineuses dépenses de la rentrée qui poussent des pères de famille à s'endetter. Face à des prix des fruits et légumes qui commencent à connaître une augmentation, le citoyen se trouve désormais dans une véritable galère, car, de nouveau appelé à faire face à deux échéances de taille qui nécessitent un gros budget. La rentrée scolaire et le Ramadhan constituent, en effet, deux événements importants dans la vie du pauvre chef de famille. Pas d'autres choix que de se préparer conventionnellement à faire face aux multiples dépenses occasionnées par l'avènement successif de deux rendez-vous qui vont particulièrement solliciter les bourses des ménages. Chacun cherche une méthode pour se tirer d'affaire, espérant un virement d'avance, ou pis, devant recourir à un crédit. Par contre, pour certains couples de fonctionnaires, la rentrée et le Ramadhan constituent des événements ordinaires, puisqu'il suffit de bien gérer son budget à l'avance. Devant cette situation, et pour parvenir à aider les nécessiteux à travers la wilaya de Tlemcen, le Croissant-Rouge est à pied d'œuvre pour recenser les familles pauvres estimées à des milliers. Du côté de Maghnia, des repas chauds seront servis, et des colis de cœur d'une valeur de 2 000 dinars seront distribués. Désormais, pendant tout un mois, l'approche de la rupture du jeûne sera synonyme d'achats frénétiques et de longues files dans les pâtisseries et les épiceries, ou chez le boucher habituel. Mais, à Tlemcen, Ramadhan est aussi un mois de charité, les nécessiteux étant pratiquement pris en charge par le CRA, des associations caritatives, mais aussi par les citoyens, ce qui provoque un véritable élan de solidarité qui se répète depuis des années. Cela procure un léger réconfort à de nombreux pauvres de la région. A Tlemcen, face à une situation critique, des centaines de familles sans ressources, des citoyens et certains commerçants trouvent effectivement que la meilleure des aumônes est celle effectuée pendant le mois de Ramadhan. Devant de telles actions, les pauvres, autour d'une table même peu «garnie» , retrouvent la chaleur et la vertu du partage. En effet, durant ce mois, les musulmans doivent s'unir pour défendre la justice sociale. Au niveau des souks, l'ensemble des commerçants, a-t-on constaté, ne refuse de pas de satisfaire chaque main «tendue» avec des légumes ou autres fruits. Même les bouchers ne manquent point d'offrir une certaine quantité de viande, et les voisins se trouvent solidaires et se renseignent discrètement sur la situation de telle ou telle famille qui se trouve dans le besoin. C'est une règle constatée à travers les quartiers de toutes les régions rurales, car, au cœur de la ville de Tlemcen, aucun indice ne donne l'impression d'une telle solidarité sauf, nous indique-t-on, l'existence d'une bonne partie de personnes nanties qui donnent dans l'anonymat de l'argent aux démunis, ce qui est bon à voir durant ce mois sacré est cette générosité et l'amabilité des voisins qui, en dépit de leurs faibles ressources, n'hésitent pas à faire lungeste de bonté à l'égard des déshérités qui ne trouvent pas le courage de demander de l'aide. Cela dit, jeûner c'est rompre avec la haine et la médisance, c'est ouvrir les yeux sur les qualités et les capacités de ses semblables et c'est une chose qui forge la solidarité. Dans ce contexte, et à travers la wilaya le rôle de la société et des citoyens en ce mois commence à donner satisfaction, puisque les citoyens, les associations et les élus se montrent conscients des bienfaits du Ramadhan. Mois de grande valeur, mois de sacrifice, car jeûner sert à rapprocher les cœurs, à inciter à la réconciliation et à la tolérance, à encourager à faire du bien et à aider les nécessiteux.