Le Ramadhan est de retour. Bienvenue à l'hôte même si les conditions ne s'y prêtent pas pour l'accueillir avec faste ! Les familles algériennes appréhendent ce mois de jeûne autant qu'elles le sacralisent. Les temps sont difficiles… trop durs pour pouvoir supporter les exigences d'une table du f'tour qui se veut chaque fois copieuse, somptueuse. Une satisfaction pour les pupilles plus que pour les papilles puisque les jeûneurs se satisfont d'un plat de chorba et de bourek pour se lever de table. Les hommes vont au café et les femmes, comme à leur habitude, restent figées devant l'écran télé. Le mois de jeûne de cette année arrive dans un contexte quelque peu particulier : c'est la période des congés, des vacances… de délassement des muscles, de l'esprit… mais aussi des grandes dépenses pour les fêtes de tous genres (mariage, circoncision, réussite aux examens scolaires…). Les économies de toute une année -pour ceux qui ont les moyens de les faire- s'évaporent en quelques jours. Et il ne reste pas grand-chose pour le Ramadhan. Pis, tous les marchés des produits de large consommation s'enflamment. Chaque jour davantage devant le regard impuissant des consommateurs. Aucun produit n'échappe aux flammes mais la main de la ménagère est déjà sur l'aliment qui brûle au risque de se brûler elle-même. Il faut bien quelques sacrifices pour honorer la table du Ramadhan. Heureusement qu'il y a l'entraide sociale qui reste vivace durant les 28 ou 29 jours du mois de jeûne et parfois au-delà. Des âmes charitables agissent dans le silence, loin des regards… et dépensent sans compter pour venir en aide aux démunis. Elles aident directement leurs voisins ou participent au financement d'un restaurant «de la rahma» ouvert spécialement pour le mois de Ramadhan. Elles n'attendent ni reconnaissance ni contrepartie matérielle ou morale. Ces bienfaiteurs trop discrets ne comptabilisent pas les couffins et les plats distribués. Cela ne leur appartient pas… C'est un bien de Dieu. K. M.