De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Résumé sommaire des dépenses qu'une famille oranaise moyenne (cinq membres dont deux enfants scolarisés, par exemple) a consenties -et aura à consentir- depuis le début de Ramadhan à la fête de l'Aïd en passant par la rentrée des classes : entre 20 000 et 30 000 DA pour le mois sacré et 20 à 25 000 DA pour la rentrée scolaire et l'Aïd, étant entendu que les articles vestimentaires acquis pour la rentrée scolaire serviront également pour la fête religieuse. Soit entre 40 000 et 55 000 DA que les pères et/ou mères de famille auront dû assumer pour affronter le triptyque Ramadhan-rentrée-Aïd de cette année, et assurer à leurs enfants des conditions de vie décentes. Pour pouvoir faire face cette avalanche de dépenses en une période aussi courte et surtout avec un pouvoir d'achat aussi érodé, beaucoup d'Oranais se sont non seulement privés de vacances mais ont également ont dû recourir aux prêts et mettre leurs bijoux au clou ; une pratique auparavant réservée aux plus démunis mais qui, ces dernières années, s'est élargie à cette couche que les sociologues qualifiaient de moyenne. «Hormis une minorité qui peut dépenser sans compter, nous sommes aujourd'hui tous logés à la même enseigne, estime Nourine, enseignant universitaire. Nous avons tous du mal à boucler nos fins de mois et recourons tous à des expédients pour nous en sortir.» De fait, le marché de la friperie est désormais fréquenté par toutes les catégories de la société et nul ne songerait à se cacher le visage si d'aventure il venait à croiser son voisin au sortir de l'une des boutiques de friperie. «Même les enseignants qui ont des voitures se mettent à faire le taxi clandestin pour pouvoir assumer toutes leurs charges», ajoute un enseignant du secondaire en assurant que jamais sa corporation n'a atteint un tel degré de précarité. Cette tendance à l'austérité se vérifie également lors de la préparation des gâteaux de l'Aïd : la sobriété et la pauvreté remplacent désormais la variété et la profusion des gâteaux que les mères de famille offraient joyeusement aux visiteurs. «Les ingrédients coûtent trop cher et, d'ailleurs, nous avons déjà trop dépensé pour le Ramadhan et la rentrée scolaire», répondent invariablement ces mère de famille qui ajoutent ne pas comprendre que «l'Etat laisse faire les spéculateurs au nom de l'économie de marché.» En tout état de cause, lorsque l'économie nationale se rétablira et que les conditions de vie se seront améliorées, les Algériens se souviendront longtemps de ces «étés des années 2000» où le Ramadhan, l'Aïd et la rentrée des classes vidaient les poches et minaient le moral.