La maison de la culture Ali Zamoum de Bouira, qui accueillait, jeudi passé en soirée, un gala chaâbi a convulsé au rythme des kassidate et du nesraf chantés à pleines gorges par deux belles voix de la chanson populaire. Il s'agit de Ammar Belarbia et de Cherif Hamani. Le premier, Belarbia, ouvrira le bal de la qaâda avec des airs andalous et chaâbi algériens puisés dans le patrimoine populaire. Le public, constitué dans sa majorité de familles venues des quatre coins de la ville de Bouira, s'est régalé lors de cette prestation ayant duré un peu plus de deux heures. Le chanteur Belarbia, natif de Bouira, qui reprend certaines kassidate connues du patrimoine populaire national, ne manqua pas de donner le ton en surfant sur une thématique variée, en chantant l'amour, l'exil et le medh. Les férus de la chanson populaire ont ainsi été très satisfaits, en se rappelant les mélodies ayant bercé leur enfance avec des cachets rythmés rappelant merveilleusement les vieux maîtres du chaâbi, à l'instar d'El Anka, El Ankis et/ou le tonitruant Guerouabi. Le chanteur Belarbia a ainsi tenu en haleine toute l'assistance qu'il invita à chaque fois à aller d'un tbaâ (mode) à un autre, où les mélodies se succèdent dans un cycle frénétique qui vous emmène au plus profond de la rêverie entretenue des chouyoukh. Les mélomanes, à la recherche de la musique et de la parole raffinées, ont poursuivi leur odyssée lyrique durant toute cette soirée-là, avec l'entrée sur scène du grand chanteur kabyle, Cherif Hamani. Ce dernier, en digne héritier des bardes du chaâbi kabyle, à l'instar de Cheikh El Hasnaoui et Cheikh Arab Vouyezgaren, avec une voix d'or et une poésie qui susurre l'imaginaire, a fait bouillonner l'assistance où les jeunes donnaient bien l'impression d'avoir fait une découverte. Le maître, comme on aimait bien l'appeler, reprendra son répertoire durant tout le temps que durera sa prestation. Il surfera sur les différentes thématiques qu'il avait eues à traiter durant un peu plus de 30 ans de chant. Un répertoire riche dont les sujets sur l'amour et la société rappellent bien un vécu d'une société en éternelle mutation. Dda Cherif, qui se dit loin d'être un puriste du chaâbi, s'est mis au diapason de son auditoire qu'il subjugua durant toute cette soirée. Le moins que l'on puisse dire est que cette soirée était un sommet de l'art, c'était sublime. C'est l'avis d'ailleurs des personnes en grand nombre ayant assisté à ce gala mémorable…