– Le cancer de la prostate est le thème des travaux de votre 7e congrès. Quelle est la situation épidémiologique du cancer de la prostate en Algérie ? Au plan épidémiologique, on considère que c'est le 4e cancer de l'homme après les cancers bronchiques, colorectaux et de la vessie. Mais il est clair que ce cancer est sous-diagnostiqué et sous-déclaré. On estime actuellement qu'il occupe la 1re place dans les pays développés. Les moyens de dépistage sont le toucher rectal et le dosage de l'antigène spécifique de la prostate chez l'homme à partir de 50 ans ou plus tôt (40-45 ans) lorsqu'il existe un terrain familial. – Est-ce que les moyens de dépistage et de traitement sont actuellement disponibles en Algérie ? Ces moyens de dépistage sont disponibles, mais ils ne seront efficaces que si le médecin généraliste pense à examiner la prostate de son patient âgé de plus de 50 ans et à demander un dosage de PSA. En cas d'anomalie, il confiera son patient à l'urologue qui pratiquera une biopsie prostatique, seul geste pouvant confirmer le diagnostic de cancer de la prostate. Les moyens de traitement sont disponibles en Algérie, au premier plan, la prostatectomie radicale qui permet de guérir le patient quand le cancer est localisé à la prostate. Les traitements médicaux, notamment l'hormonothérapie, sont largement disponibles et bien pris en charge par les caisses de sécurité sociale dans notre pays. – Les soins par radiothérapie restent encore un parcours du combattant pour les malades algériens. Quels sont les risques dans le cas où les malades n'accèdent pas à ces traitements dans les temps ? La radiothérapie, qui est actuellement une radiothérapie dite conformationnelle, est très efficace, mais peu disponible en raison de la saturation des quelques centres disposant de ces appareils. Il est donc souhaitable de multiplier le nombre de centres de radiothérapie à travers le pays ; si les malades ne sont pas traités à temps, le cancer de la prostate est réputé pour évoluer vers le stade métastatique, essentiellement vers les os, avec une altération considérable de la qualité de vie, car ces métastases sont très douloureuses. – Quelle est la place de la prévention contre cette maladie ? Il n'y a pas encore de prévention à proprement parler du cancer de la prostate, bien qu'il y ait de nombreuses voies de recherche. Seul pour l'instant compte le dépistage précoce individuel, car il n'est pas possible ni rentable de pratiquer un dépistage de masse. Ce dépistage précoce permettra de traiter les formes agressives chez les sujets jeunes. On pourra alors guérir ces patients, car un patient traité à un stade précoce a la même espérance de vie qu'un homme qui n'a pas de cancer.