La commune de Timezrit (30 km au sud-est de Boumerdès) est dépourvue de commodités de base. Les habitants se sentent marginalisés. Les uns fuient cette situation, les autres subissent la dureté de la vie rurale et la multiplication des problèmes sociaux. Au chef-lieu de Timezrit, on trouve quelques cafés, des épiceries, des bureaux de tabac, deux taxiphones et deux cybercafés. Le siège de l'APC, situé en plein cœur du village, est adossé au siège de la garde communale. A l'est de l'agglomération se trouve la salle de soins et la seule pharmacie de la commune. Trois bâtiments qu'occupent quelques sinistrés du séisme de 2003 forment le patrimoine immobilier de l'Etat à usage d'habitation dans toute la commune. Quelques centaines d'habitants occupent le chef-lieu. Les autres (dix mille environ) occupent les villages dont les plus importants sont Afir Azazna, Ait Sidi Amara, Ouled Ziane, Izraraten, et Toursal. Un stade municipal domine le chef-lieu. Les habitants dénoncent la misère qui fait de leur quotidien un combat perpétuel pour survivre. A commencer par l'eau, qui n'existe que dans les puits des particuliers. Les robinets sont continuellement secs. Certains habitants s'approvisionnent dans les fontaines. La tâche est généralement confiée aux enfants. D'autres achètent des citernes d'eau potable. Les habitants se plaignent des coupures fréquentes d'électricité durant les intempéries hivernales. Le gaz, qui est un produit vital dans ces contrées, n'est toujours pas disponible. «Nous attendons qu'on alimente notre commune en gaz de ville», nous dit un habitant. D'autres soulèvent l'insuffisance de la couverture sanitaire. «Nous habitons à plus de 25 km de Bordj Menaiel. Nous avons donc besoin d'une présence quotidienne d'un médecin et d'un dentiste à la salle de soins de Timezrit,» ajoute notre interlocuteur. Les habitants se retrouvent souvent dans l'obligation d'emmener leurs malades en urgence à l'hôpital de Bordj-Ménaïel. Le terrorisme continue d'infester la région depuis les années 1990. La forêt de Sid Ali Bounab et les hauteurs de Nacéria sont sinistrement connues. L'insécurité a poussé les villageois à l'exode. Ceci a provoqué une détérioration sociale et économique de la région. La persistance du terrorisme dans la région a aussi créé un climat de peur et d'hésitation. Les villageois n'osent plus réclamer et revendiquer leurs droits. L'intégrisme a contribué aussi à l'oubli des traditions et coutumes ancestrales de la région. Après la destruction de toutes ses infrastructures durant les années 1990, Timezrit a été sinistrée. L'Etat a programmé quelques projets pour réparer les dégâts et restaurer la paix, mais hélas, ils ne sont pas suffisants. Le séisme de mai 2003, qui a dévasté la wilaya de Boumerdès, n'a pas été désastreux pour les constructions à Timezrit. Mais il a eu un effet d'exode tout de même. Au lieu de chercher à retenir les sinistrés en leur construisant des logements sociaux dans leur villages, les autorités municipales avaient opté pour la dissémination du millier d'habitants déclarés sinistrés à travers les autres communes de la wilaya comme Boudouaou, Boumerdès, et Ouled-Moussa, provoquant ainsi une autre vague d'exode. Beaucoup ont ainsi quitté la commune de Timezrit. Ce qui ralentit gravement les activités commerciales. Même le marché qui se tenait deux fois par semaine au chef-lieu de la commune tend à perdre son lustre d'antan.