Le directeur de l'IPA, le professeur Tazir, estime qu'avant de se lancer dans une telle entreprise, il y a lieu de faire «un état des lieux de nos capacités à entrer dans la course de l'économie du savoir. Quels sont les pré-requis en termes de ressources humaines qualifiées et donc d'enseignement et de formation à développer dans nos universités et nos instituts ? Les aspects moraux, l'éthique et la déontologie, doivent obligatoirement être pris en compte dans ce domaine, particulièrement en ce qui concerne les essais cliniques», a-t-il recommandé. Deux thèmes – «Les biothérapies et la recherche clinique» et «Bioproduction et recherche biomédicale» – ont été débattus lors de cette journée entre spécialistes étrangers et algériens dont certains établis à l'étranger. «Le développement des biotechnologies est le pilier de l'économie d'un pays», signale le docteur Bouguermouh Salim, du Centre de recherche sur les maladies infectieuses, au pôle d'excellence biotechnologique de Singapour. Un pays qui a, ajoute-t-il, une forte volonté de développer la recherche : «L'Etat de Singapour consacre 2,5 à 3% de son PIB à la recherche, pourtant ce pays n'a pas de ressources naturelles.» Les laboratoires de recherche se sont vite installés, ces dernières années, avec le lancement des innovations en matière de recherche des biomarqueurs concernant certaines maladies, pour les vaccins contre les maladies infectieuses, dans une totale sécurité pour la protection des propriétés intellectuelles consacrée par la loi de ce pays. «A Singapour, vous pouvez enregistrer (créer) une entreprise en 15 mn», a-t-il déclaré, en mettant en exergue toutes les facilités offertes aux chercheurs. Il estime qu'en Algérie, il y a des compétences dans le domaine, pour peu qu'elles soient encouragées. Concernant le développement des médicaments biotechnologiques, d'après le professeur Rodolphe Garraofo, du laboratoire de pharmacologie et de toxicologie médicale du CHU et de la faculté de médecine de Nice, ces produits obéissent à des règles de fabrication très strictes : «La production croissante de médicaments d'origine biologique a conduit à reconsidérer les modalités d'attribution d'une bioéquivalence. L'autorisation de mise sur le marché (AMM) d'un médicament biosimilaire est délivrée sur la base d'une équivalence de résultats thérapeutiques et non pas uniquement sur la base de la bioéquivalence comme pour les génériques chimiques.» Et de préciser qu'on ne doit pas se satisfaire de la DCI, notamment dans les anticorps monoclonaux comme les facteurs de croissance. «Il faut respecter les règles strictes d'évaluation pour constituer un dossier d'AMM», a ajouté le professeur Garraofo. D'autres aspects liés au développement et à la recherche ont été débattus, dont «La recherche clinique en Algérie» et «L'accès des patients algériens aux innovations thérapeutiques».