Bien que les consommateurs se soient maintenant habitués aux flambées des prix avant chaque célébration de fête, comme c'est le cas pour le nouvel an berbère yennayer où une augmentation de la demande des viandes blanches est prévisible, la proportion dans laquelle le prix a évolué suscite des interrogations. Pour le président de l'Association nationale de la filière avicole (ANFA), Mokrane Mezouane, la montée en flèche des prix du poulet ne s'explique que par «la désorganisation que connaît le marché de la volaille aujourd'hui». Il conteste ainsi l'explication donnée, jeudi dernier, par le président du directoire de la Société de gestion des participations de la production animale (SGP Proda), Kamel Chadi, pour qui les augmentations des prix des intrants avicoles, notamment le maïs et le soja, sont à l'origine des hausses du prix du poulet. Selon le même responsable, depuis 2009, «le prix du maïs a augmenté de 52%, alors que celui du soja a connu une hausse de 72%». Soutenant le contraire, M. Mezouane affirme que «le prix actuel du poulet sur le marché n'a rien à voir avec le prix des aliments», d'autant que «le maïs et le soja, deux intrants cotés en Bourse, ont chuté sur le marché international en décembre et début janvier». Comment expliquer alors cette hausse subite ? Le président de l'ANFA pointe du doigt «la désorganisation qui a touché le secteur avicole» depuis que les pouvoirs publics ont décidé, à la veille du Ramadhan 2011, de procéder à un stockage de la production de poulet en vue de la mettre sur le marché durant le mois sacré. L'importation de poulets congelés a, de surcroît, participé à «l'effondrement du prix du poulet frais» poussant les éleveurs à «réformer l'élevage de reproduction» en envoyant toute leur production à la consommation. D'ailleurs, le président de la SGP Proda rejoint quelque part cette explication, même s'il ne la considère pas comme la première cause de l'augmentation actuel du prix du poulet. Il fera remarquer, en effet, qu'après le Ramadhan dernier, la demande en poulet a diminué et que, par peur de subir des pertes, les petits éleveurs familiaux se sont retirés du marché. «Cela a créé un déséquilibre entre l'offre et la demande et cela explique aussi l'évolution des prix», a-t-il indiqué. Et d'ajouter que l'Algérie a produit, en 2011, 300 000 tonnes de viandes blanches et presque 5 milliards d'œufs. Quant aux prix, le même responsable pense que les choses vont se stabiliser dès le mois prochain. D'autant que «des efforts se font pour le soutien des prix des intrants», à l'exemple de l'ONAB qui a introduit une nouvelle formule d'aliment à base de 20% d'orge pour réduire les coûts de la production.