Le magistrat instructeur de la 2e chambre du tribunal d'El Hadjar (Annaba), qui a auditionné, depuis le 20 juin dernier, 10 membres exécutifs du comité de participation (CP) d'ArcelorMittal et placé sous contrôle judiciaire Zediri Malek, Sénaï Amar et Kamel Benamira, a repris hier le dossier, révèlent des sources judiciaires. Un dossier lourd et épineux que 5242 travailleurs d'ArcelorMittal ont permis d'ouvrir suite à une plainte déposée il y a plus de 3 mois. Selon les mêmes sources, plusieurs documents financiers sont venus étoffer le dossier, impliquant gravement la gestion du comité de participation, à telle enseigne que la certification du bilan comptable 2008 a été rejetée par Alout Mohamed, le commissaire aux comptes qui, selon des sources proches de son cabinet, compte saisir officiellement le procureur de la République du même tribunal. Les réserves sont aussi graves que les motifs incitant au rejet catégorique de l'exercice, jusqu'à régularisation ou justification des dépenses. Ainsi, du lot des irrégularités émergent des transactions dont la facturation est plus que douteuse. Des chèques non conformes avec les pièces de dépense, des dépenses non identifiées, des factures intégrant des personnes étrangères à ArcelorMittal sont, entre autres, les anomalies relevées. Les documents comptables de l'exercice 2008 de l'ancien CP indiquent qu'une sortie aérée dans la commune d'El Kala (El Tarf) pour enfants des travailleurs a coûté 6,24 millions de dinars en encas. Le bénéficiaire est Hores, une entreprise du groupe Sider, qui sous-traite avec des traiteurs privés. Au titre d'une convention avec la clinique El Farabi, les gestionnaires du CP ne se sont pas gênés pour payer les frais médicaux des joueurs de l'USMAnnaba. D'après la facture en notre possession, Samir Alliche (avant-centre de l'USMAn) aurait subi une IRM facturée à 13 000 DA, intégrée dans la facture n°02/2006 qui regroupe les frais des prestations médicales des travailleurs. Une autre facture, affichant le montant de 2,97 millions de dinars énumère les frais médicaux des membres des familles de l'ex-CP, du syndicat et leurs ayants droit. Toujours dans le même registre, pour payer les équipements de l'USMAn, c'est la même pratique qui revient : une facture au bénéfice de l'établissement Hamdani sports et loisirs, le fournisseur du club, a été honorée pour la somme de 6,2 millions de dinars. Initialement, cette facture représentait l'achat d'un lot de tee-shirts destinés aux enfants des travailleurs ArcelorMittal lors des sorties aérées. Le volet équipement informatique et bureautique est réservé aux trois entreprises « favorites » de Zdiri Malek et Bouyaya Mohamed, les deux principaux gestionnaires du CP ; il s'agit de Sarl Meuble, First Info et Saidi Yassine, qui ont été signalées par le commissaire aux comptes. Et la liste est encore longue, très longue. Cette affaire dont l'instruction se poursuit, avait été déclenchée, pour mémoire, suite à une plainte collective signée par 5242 travailleurs demandant des comptes sur la gestion des œuvres sociales. Une gestion entachée d'irrégularités, selon leur déposition, depuis l'avènement de l'indien ISspat en 2001 jusqu'à ce jour. C'est dire que les mis en cause dans cette affaire scabreuse auront certainement des difficultés à justifier, devant le magistrat instructeur, tout le flou qui caractérise ces opérations. Ils sont, selon des sources judiciaires, les seuls habilités, dans le cadre de la gestion des œuvres sociales des travailleurs d'ArcelorMittal El Hadjar, à signer les chèques, documents administratifs officiels, commerciaux et bancaires.