Sous contrôle judiciaire depuis trois mois, Zediri Malek, Houamri Abdelhamid et Bouyaya Mohamed, respectivement président et influents membres du comité de participation (CP) d'ArcelorMittal du temps de Aïssa Menadi, ont été placés hier matin sous mandat de dépôt sur ordre du magistrat instructeur de la 2e chambre près le tribunal d'El Hadjar (Annaba). Principaux gestionnaires des fonds des œuvres sociales des sidérurgistes, ils sont accusés de gabegie, utilisation des fonds sociaux à des fins personnelles, mauvaise gestion, etc. Cette affaire, dont l'instruction se poursuit toujours, avait été déclenchée, pour mémoire, suite à une plainte collective signée par 5242 travailleurs demandant des comptes sur la gestion des œuvres sociales depuis l'avènement de l'Indien ISPAT, en 2001, jusqu'à ce jour. Un dossier lourd et épineux dont 5242 travailleurs d'ArcelorMittal ont permis l'ouverture judiciaire suite à une plainte déposée fin mai 2009. Selon les mêmes sources, plusieurs documents comptables et financiers sont venus consolider ceux déjà existants impliquant gravement la gestion du comité de participation, à telle enseigne que la certification du bilan comptable 2008 a été rejeté par Alout Mohamed, le commissaire aux comptes, qui a saisi officiellement le procureur de la République près le même tribunal. De son côté, l'expert-comptable chargé du suivi de la comptabilité de cet organe avait rappelé, dans une correspondance officielle adressée au président du CP, Zediri Malek, que « durant l'exercice comptable 2007, il y avait des dépenses octroyées par le CP, d'un important montant, mais ne dispose pas de supports comptables appuyant le dossier ». Dans ce bilan, les réserves sont aussi graves que les motifs incitant au rejet catégorique de l'exercice jusqu'à la régularisation ou la justification des dépenses. Ainsi, du lot des irrégularités émergent des transactions dont la facturation est plus que douteuse. Etat de chèques non conforme avec les pièces de dépenses, dépenses non identifiées de factures intégrant des personnes étrangères à ArcelorMittal, sont, entre autres, les anomalies relevées. Les documents comptables de l'exercice 2008 de l'ancien CP indiquent qu'une sortie aérée au profit des enfants des travailleurs dans la commune d'El Kala (El Tarf) avait coûté 6,24 millions de dinars en « encas ». Le bénéficiaire est Hores, une entreprise du groupe Sider, qui sous-traite avec des traiteurs privés. Conventionnée avec la clinique El Farabi, les gestionnaires du CP ne se privent pas pour payer les frais de prestations médicales des joueurs de l'USM Annaba. D'après la facture en notre possession, Samir Alliche – avant centre de l'USM An – a subi un IRM facturée 13 000 DA. Une somme glissée dans la facture n°02/2006 qui regroupe les frais des prestations médicales d'autres travailleurs. Une autre facture, affichant un total de 2,97 millions de dinars, indique les frais de médication des membres des familles de responsables de l'ex-CP, du syndicat et de leurs ayants droit. Toujours dans le même registre, pour payer les équipements de l'USM An, c'est la même pratique qui revient à chaque fois. Une facture au bénéfice de l'établissement Hamdani Sport et Loisirs, le fournisseur du club, mentionne la somme de 6,2 millions de dinars. Initialement, cette facture représente l'achat d'un lot de tee-shirts destinés aux enfants des travailleurs d'ArcelorMittal lors des sorties aérées. Le volet équipement informatique et bureautique est réservé à trois entreprises favorites du président du CP, Zediri Malek, et son assistant, Bouyaya Mohamed. Il s'agit de Sarl Meuble, First Info et Saïdi Yassine. Trois entreprises qui ont été soulignées en gras par le commissaire aux comptes. Et la liste est longue, très longue. C'est dire que les mis en cause dans cette affaire scabreuse auront certainement des difficultés à justifier, devant le magistrat instructeur, tout le flou qui caractérise ces opérations. En attendant l'audition de 7 autres membres du CP, les trois personnes écrouées sont, selon des sources judiciaires, les seules habilitées, dans le cadre de la gestion des œuvres sociales des travailleurs d'ArcelorMittal El Hadjar, à signer les chèques, documents administratifs officiels, commerciaux et bancaires.