Les milliers de Constantinois qui empruntent quotidiennement le pont mythique de Sidi Rached sont loin de se douter que l'ouvrage de 450 m de long, élevé au rang de monument, est menacé dans ses fondations. En effet, plusieurs fissures sont depuis quelque temps visibles au niveau des soubassements du pont, et des fêlures assez importantes sont apparues sous un certain nombre d'arches, ce qui a contraint les autorités compétentes à dresser un support métallique sous l'une d'elle. Un « système D » qui freinerait la lente dégradation d'un pont métissé qui marie deux matières n'obéissant pas aux même lois de résistance des matériaux, à savoir le béton armé et la pierre de taille. Renforcer les fondations des piles a toujours été un souci et de ce fait, l'ouvrage a, à chaque fois, connu des travaux de confortement. Cependant, le principal mal qui ronge les piles du viaduc reste ce glissement de terrain causé par les infiltrations d'eaux provenant du plateau d'El Mansourah. Un glissement qui a déjà fait parler de lui en 1952 et ayant nécessité des interventions urgentes. Un problème récurrent donc qui semble prendre de l'ampleur avec le temps, au fil duquel ce pont centenaire menace de rompre. Dans le but d'en stopper la décadence, la direction des travaux publics ainsi que la société algérienne des ponts et travaux d'art (SAPTA), travaillent à mettre sur pied un système de drainage qui sera installé au niveau du viaduc. Ceci aura pour but de rendre plus fluide l'écoulement des eaux. Cela sauvera-t-il le pont, sachant que les travaux de réfection de ce genre d'ouvrage, notamment ceux datant de l'époque coloniale, nécessitent une certaine compétence et un savoir-faire dont on ne dispose pas ? Il n'y a qu'à voir le pont en pierre de taille traversant le Rhummel et reliant le quartier de Kouhil Lakhdar à l'université Mentouri de Constantine qui s'est effondré sans que des dispositions aient été prises pour sa réhabilitation.