Le rapport mondial sur la corruption 2009 élaboré par l'ONG Transparency International a été rendu public hier. La sortie de ce rapport, consacré cette année à la corruption dans le secteur privé, coïncide avec l'ouverture à New York de la 64e session de l'Assemblée générale des Nations unies et également avec la tenue de la réunion du G20. Cette année, contrairement aux précédentes, l'Algérie n'a pas été citée dans le rapport qui a zoomé cette fois sur certains pays d'Afrique et du Moyen-Orient, notamment le Maroc, le Niger, le Rwanda, le Cameroun, le Ghana, le Kenya, le Liban, le Zimbabwe et l'Ethiopie. 75 experts du monde entier se sont penchés sur le dossier de la corruption dans le secteur privé. Ils ont examiné l'ampleur, la portée et les conséquences dévastatrices de la corruption dans les entreprises. 46 rapports nationaux approfondis ont été ainsi élaborés, accompagnés de recommandations. Selon le rapport mondial sur la corruption, dans les seuls pays en développement et en transition, les sociétés qui sont de connivence avec les politiciens corrompus et les fonctionnaires d'Etat ont accordé jusqu'à 40 milliards de dollars par an en pots-de-vin. Le rapport 2009 présente dans le détail les nombreux risques de corruption auxquels sont confrontées les entreprises, des petits entrepreneurs d'Afrique subsaharienne aux multinationales d'Europe et d'Amérique du Nord. Au cours des deux dernières années, les entreprises ont dû s'acquitter d'amendes qui leur ont coûté des milliards de dollars. A ce coût financier s'ajoutent d'autres préjudices comme l'atteinte au moral des salariés et la perte de confiance des consommateurs et des partenaires commerciaux potentiels. En outre, le document fait état de nombreux cas de cadres dirigeants, d'actionnaires majoritaires et autres intervenants de l'entreprise qui abusent du pouvoir qui leur a été confié à des fins personnelles, et ce, au détriment des propriétaires, des investisseurs, des salariés et de la société dans son ensemble. La corruption et le secteur privé (RMC) montre, d'après le rapport, comment les pratiques de corruption forment une force destructrice qui affaiblit les bases d'une compétition équitable, étouffe la croissance économique et, en fin de compte, oblige l'entreprise à se saborder elle-même. Ce qui est grave, relève le rapport, est « la responsabilité qu'a le secteur privé vis-à-vis de la société. Quand des entreprises sans scrupules pratiquent la corruption, les conséquences peuvent être dramatiques en matière de pénurie d'eau, de conditions de travail déplorables, d'abattage illégal des arbres, de production de médicaments dangereux ou encore de constructions qui s'écrouleront du jour au lendemain, engendrant des pertes humaines ». Le secteur privé a un rôle crucial à jouer dans la prévention de ces conséquences « en agissant avec transparence et responsabilité ». Cependant, « le risque que de puissants acteurs du secteur privé s'emparent des politiques et des gouvernements et altèrent en profondeur le processus de décision démocratique existe réellement et constitue une menace significative pour toute gouvernance responsable et inclusive, où qu'elle soit », souligne le rapport, qui signale qu'en fin de compte, c'est le citoyen qui fait les frais de ce phénomène de corruption. Selon l'Association algérienne de lutte contre la corruption, de nombreux pays se situant en bas du classement de l'indice de perception de la corruption publié chaque année par Transparency International, un indice qui mesure dans 170 pays – dont l'Algérie – les niveaux de perception de la corruption dans le secteur public, sont non seulement victimes de gouvernements sans scrupules, mais aussi de grandes sociétés qui sont plus que désireuses de s'acoquiner avec ces gouvernements. Ces enchevêtrements, qui supposent plus que de simples pots-de-vin, sont possibles parce que les sociétés sont persuadées qu'elles peuvent commettre ces pratiques criminelles en toute impunité.