Après les chaleurs de l'été, les pluies de l'automne. A première vue, on pourrait dire que l'Algérie est une terre bien réglée et gâtée par la nature. A y regarder de plus près pourtant, ce n'est pas aussi beau et tendre que l'image d'une fine pluie bienfaitrice qui irrigue des plaines verdoyantes gorgées de soleil. D'abord, les grosses chaleurs déshydratent, asphyxient, tuent et ramollissent, brûlent les forêts, font fondre les hanches des jolies femmes et agacent sérieusement Sonelgaz. Ensuite, les pluies noient, tuent, inondent, dévastent et font couler les larmes des mères d'enfants trop légers emportés par les eaux. Chaque année, malgré les pluies attendues et prévues un an à l'avance (voire 1000 ans), c'est la même histoire ; morts, drames et dégâts matériels, le tout enveloppé dans un sachet noir de fatalité nationale. Le spectacle d'Oran, deuxième ville du pays, paralysée par les eaux, montre bien l'absence de gestion et d'anticipation des pouvoirs publics. Si mêmes les pays développés sont touchés par les inondations, à Oran, les chantiers mal finis ou mal bouchés ont engendré des catastrophes dont la cause est humaine ; le tracé du tramway est devenu un fleuve et les assiettes de construction de grand lacs. Bilan provisoire, les pluies viennent de commencer et l'on dénombre déjà beaucoup trop de morts à l'échelle nationale. Comme une machine bien réglée, la mort tue régulièrement sur le slogan de mode « à chacun sa saison », ceux qui n'ont pas brûlé en été se sont noyés en automne. Ceux qui ne se sont pas noyés cet automne mourront de froid cet hiver. Les survivants de l'année naturelle 2009 partiront sur des bateaux de fortune au printemps. Rappelons-le encore une fois, la civilisation est le combat permanent contre la mort. Rappelons une autre évidence : si le robinet est ouvert, on ne peut pas arrêter l'eau de couler. Mais on peut réparer le lavabo.