Comme il fallait s'y attendre, le sommet du G20 tenu jeudi dernier et hier à Pittsburgh (Etats-Unis) a laissé certaines questions en suspens. Les dirigeants des principaux pays industrialisés et émergents (G20) se sont mis d'accord sur quelques points mais leurs avis restent divergents au sujet du réchauffement climatique. Ainsi, ils sont tombés d'accord sur deux des principaux sujets, à savoir la limitation des bonus dans la finance et le maintien des plans de relance. Selon le projet de communiqué final, cité par un responsable sous le couvert de l'anonymat, les 20 chefs d'Etat et de gouvernement vont s'engager à éviter «tout retrait prématuré des mesures de relance» tant qu'une «reprise durable» n'est pas assurée. En outre, ils devraient préconiser de «limiter les bonus à un pourcentage du produit net bancaire quand ils menacent un niveau de saine capitalisation». En d'autres termes, il s'agit d'indexer les bonus sur le chiffre d'affaires de la banque en fonction de la solidité de ses fonds propres. Le communiqué final devrait aussi endosser les recommandations du Conseil de stabilité financière (FSB) afin de lier la rémunération des banquiers et acteurs de marché aux performances à long terme et non à la prise de risque excessive, et suggérer à cette fin un système de versement différé. Par ailleurs, la délégation allemande a proposé l'instauration d'une taxe sur les transactions financières. Dans une tribune publiée hier en pleine réunion du G20 à Pittsburgh, le ministre allemand de l'Economie a indiqué : «Dans notre réponse politique à la crise, nous aurons besoin de nouvelles formes de partage de l'imposition fiscale. L'une d'elles est une taxe globale sur les transactions financières.» Selon les spécialistes en finances, une telle taxe, qui devrait être appliquée par tous les pays du G20 pour éviter des distorsions de concurrence et qui s'élèverait à 0,05% sur tous les échanges de produits financiers, permettrait de «financer les coûts de la crise». L'autre point traité a trait à la réforme du FMI. Sur cette question, le président russe Dimitri Medvedev a assuré que le G20 était proche d'un accord sur la future gouvernance du FMI. Selon les agences de presse, un haut responsable chinois a affirmé hier que le sommet allait prendre une décision «très importante» sur ce sujet. Selon les mêmes sources, la réforme du FMI pourrait être mise en œuvre en 2011. La répartition des quotes-parts avait fait l'objet d'une réforme adoptée par le FMI en avril 2008, qui n'est jamais entrée en vigueur faute de ratification par un nombre suffisant de Parlements. L'autre annonce concerne l'architecture même du G20. Comme l'a annoncé jeudi soir la Maison-Blanche, le communiqué sanctionnant les travaux de cette rencontre désignera le G20 comme «principal forum de coordination économique», sans toutefois annoncer la disparition du G8. Cette décision va permettre de refléter davantage le poids des pays émergents comme la Chine, le Brésil ou l'Inde dans l'économie mondiale, s'est félicitée la présidence américaine. «C'est en 2010 que nous essaierons de discuter de la nouvelle architecture du G20 : quels pays doivent en être membres, à quelle fréquence doit-il se réunir ? Et 2011 sera l'année de l'application de son nouveau régime», a précisé, de son côté, la délégation française. Cependant, le point de discorde entre les pays de G20 a trait au réchauffement climatique. Engagées à trouver un accord contre cette problématique, les principales forces économiques mondiales ont multiplié les déclarations d'intention. Pas au point toutefois de faire oublier qu'elles rechignent toujours à faire plus d'efforts. S. B. Arrestation de quinze personnes lors d'une manifestation anti-G20 Quinze personnes ont été arrêtées lors d'une manifestation non autorisée contre le sommet des pays du G20 jeudi à Pittsburgh (Etats-Unis). Selon les forces de l'ordre américaines, la manifestation a réuni un millier de jeunes protestataires. La veille de cette rencontre, les forces de l'ordre avaient interpellé 14 membres de Greenpeace qui avaient déployé une banderole sur un pont appelant les dirigeants des 20 premières économies mondiales, à prendre des mesures énergiques contre le réchauffement climatique. S. B. La Suisse rayée de la liste grise des paradis fiscaux La Suisse n'est plus coupable. La bonne nouvelle a été officialisée hier au deuxième jour du G20 qui s'est ouvert jeudi dernier à Pittsburgh, aux Etats-Unis. La Confédération helvétique a été, en effet, rayée de la «liste grise» des paradis fiscaux épinglés par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Figurant désormais sur la liste «blanche» des pays considérés comme vertueux en termes de coopération fiscale, la Suisse s'offre ainsi une virginité en promettant d'en finir avec le secret bancaire et rejoint les onze autres pays et territoires absous depuis la publication des listes début avril par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). S. B.