Il souffle, en cette journée de jeudi, comme un vent de révolte dans la carrière Jobert de Bab El Oued. L'entreprise, à l'arrêt depuis le 6 septembre dernier, n'est pas prête de renouer avec ses activités. Et pour cause : le litige qui oppose depuis quelques semaines les travailleurs à la direction n'est tout simplement pas le même selon qu'il soit exposé par l'une des parties ou par l'autre. La genèse de ce blocage remonte aux nombreuses protestations émises par les travailleurs quant à la gestion désastreuse et occulte pratiquée depuis plus de 17 ans par les différents responsables. La « source du mal » est, selon les employés mutins, l'assistante de direction « qui vole et détourne les biens de l'ECAVA au vu et au su des autres cadres, qui ne sont pas plus blancs ». D'ailleurs, ils affirment détenir des preuves irréfutables : des documents internes et autres factures prouvant les faits. « La sûreté de la wilaya a reçu mercredi tous ces dossiers explosifs et une enquête doit être diligentée », clament-ils. Soucieux de la santé économique et financière de leur entreprise, ils disent ne plus pouvoir supporter « un tel degré de corruption, de détournement, de trafic et de laxisme ». Ce qui a déclenché ce « mouvement de contestation enclenché par des travailleurs bafoués » c'est l'exclusion de leur élu syndical de la formation travailliste de l'ECAVA. Motif : c'est un repris de justice « repenti notoire » et, de facto, il ne peut prétendre à une quelconque activité syndicaliste légale. « Nous ne nous opposons pas à cela. Seulement, celui qui se présente aujourd'hui comme le secrétaire général du syndicat n'a pas lui non plus ce droit puisqu'il occupe un poste de responsabilité au sein de l'entreprise », affirme le collectif. Toutefois, les raisons de ce blocage sont tout autres pour Bounar Toufik, directeur administratif et financier. Ainsi, « à la fin mars dernier, la section syndicale de l'ECAVA a été mise en place et a, quelques semaines plus tard, formulé une plateforme de revendications. Certaines d'entre-elles étaient parfaitement justifiées, tandis que d'autres relevaient de l'ingérence dans la gestion de l'entreprise. Mais la pomme de discorde est la demande d'une augmentation salariale de 2000 DA, en plus d'une mesure de rétroactivité. Les arriérés demandés depuis la fin de l'année 2007, sont donc d'un montant de 150 000 DA pour chaque employé », explique le directeur. Vint ensuite la radiation du syndicaliste. « Pour se venger, il a adressé, au nom de la section qu'il ne représentait plus, une lettre ouverte au président de la République, dans laquelle il a tenu de graves accusations injurieuses et délatrices envers le PDG de l'ECAVA », affirment les responsables. « Tout rentrera dans l'ordre le 28, lorsque le tribunal mettra fin à cette grève illégale, interdira aux grévistes de pénétrer dans cette enceinte et les obligera à ne pas entraver la liberté de travail de leurs collègues », assurent-ils. Pas si sûr, à en croire les travailleurs, puisqu'ils affirment pour leur part que les activités ne reprendront qu'une fois qu'« une commission d'enquête entrera ici pour tirer les choses au clair », promettent-ils. Car l'ECAVA, une entité déjà déficitaire qui emploie plus de 300 personnes, perd près d'un million de dinars chaque jour, soit 20 millions de dinars depuis l'enclenchement de ce mouvement de contestation.