Le virologue Claude Hannoun, professeur honoraire à l'Institut Pasteur et expert reconnu pour les maladies à virus, estime que le vaccin anti-grippe H1N1 sera utile quelle que soit la date à laquelle il sera disponible pour la population.Auteur du livre Grippe, ennemie intime (Balland), le Pr Hannoun signale que la vaccination doit être recommandée pour tout le monde, même si elle n'intervient qu' « en fin d'épidémie ». « Il y aura des répliques tous les ans » et le vaccin « va être utile pour cet hiver et aussi pour les suivants » Le nombre de cas de grippe H1N1 risque d'exploser avec la nouvelle vague de froid. Pensez vous que le scénario peut-être catastrophique comme certains le disent ? On peut prévoir que l'épidémie va s'intensifier au début de l'hiver, période plus favorable au virus que la période chaude actuelle. Mais il n'est pas possible de savoir si elle restera aussi bénigne. Tout est possible, depuis la poursuite d'une épidémie sans gravité jusqu'à la pandémie illustrée par des cas sévères d'habitude peu courants au cours des épidémies saisonnières. La fréquence de ces derniers, dans les premiers pays touchés, a été plus élevée que lors des épisodes saisonniers habituels. Il s'agit d'une grippe plus forte que la grippe saisonnière sans exclure pour autant la possibilité que rien ne se passe ou que l'on assiste à une épidémie type 1918, une véritable catastrophe. Le polémique à propos de la vaccination est déjà lancée. Pensez- vous qu'il y ait réellement danger à vacciner. Peut-on aujourd'hui être sûrs que le vaccin ne provoquera aucun effet secondaire grave ? Les vaccins ayant reçu les autorisations de mise sur le marché des autorités européennes et nationales présentent toutes les garanties de sécurité. Cependant, tout vaccin peut susciter des effets secondaires liés à la réponse immune et le bénéfice d'un vaccin doit être mesuré en comparant les risques. Maladie dangereuse ou pas ? Effets secondaires importants ou pas ? Il est « légitime » de vacciner en priorité les femmes enceintes, particulièrement à risque, et puis les personnels de la santé, car ce serait « un manque de responsabilité » de leur part de ne pas se faire vacciner. Qu'en est-il des antiviraux comme le Tamiflu ? Il vaut mieux traiter tous les cas graves ou pas. On ne sait pas si les cas bénins ne vont pas devenir graves. En outre, les antiviraux réduisent les symptômes et en réduisant les excrétions, on ralentit l'épidémie.Il faut utiliser l'antiviral le plus tôt possible. En sept heures, le virus s'est multiplié par 1000, et après sept heures encore, il y en a un million. Il est favorable aussi à une utilisation de prévention, notant que l'antiviral offre une protection totale après un contact « douteux » avec quelqu'un de malade. Que conseillez-vous au stade actuel de la pandémie ? Pour répondre à ces questions, il faut attendre les résultats des essais cliniques en cours avec chacun des vaccins et observer avec vigilance l'évolution des épidémies dans les pays du monde entier : diffusion, incidence, létalité,… En attendant, informer et conseiller les mesures d'hygiène élémentaires tout en renforçant la vigilance.