Contre l'avis de tous les « anti-vaccin », le docteur Makki Yahia, expert à l'OMS et virologue à l'hôpital Claude Bernard à Lyon, recommande fortement la vaccination contre la grippe A(H1N1). Selon lui, il n'y a aucun risque à se faire vacciner, le contraire serait plutôt plus grave. « Le virus tue mais pas le vaccin », a-t-il déclaré hier, au forum d'El Moudjahid, en précisant que « les multinationales sont riches, elles ne comptent pas seulement sur la fabrication de vaccins pour s'enrichir, et ce, pour mettre un terme à la polémique mondiale sur les dangers de la vaccination contre l'actuelle pandémie ». Après avoir rappelé les différentes grippes sévères qui ont frappé l'humanité depuis 1918, leur évolution et leur degré de sévérité, le conférencier n'écarte pas un fort pic de cette grippe d'ici le mois prochain en Algérie, alors que le virus connaît une régression en Europe et ailleurs dans le monde. Le moyen le plus efficace de lutter contre le virus H1N1, qui a tout de même muté, est, selon le virologue, la vaccination. « C'est ce qui peut protéger des milliers de personnes contre ce virus, notamment pour les années à venir, surtout s'il venait à se présenter sous une forme encore plus sévère », a-t-il prévenu. A propos des effets secondaires de ce vaccin qui est en ce moment sujet à polémique, le Dr Makki rassure que tous les vaccins ont des effets secondaires mais qui restent généralement bénins. Les réactions, en l'occurrence, apparaissent souvent au niveau local (douleurs, œdème, érythème, etc.), ce qui ne constitue pas réellement un danger pour les personnes vaccinées. « Nous avons souvent évoqué le problème du Guillain-Barré qui serait une conséquence à la vaccination. Il faut savoir que des cas sont apparus suite à la complication causée par le virus aux personnes non vaccinées (2,8% pour 100 000 habitants). Le vaccin ne serait responsable que d'un cas pour un million d'habitants. » Il faut donc, d'après lui, faire confiance aux scientifiques qui ne font rien au hasard. « Ces vaccins sont mis au point après des études minutieuses et très précises. » D'ailleurs, le vaccin contre la grippe A(H1N1) de GSK, un des premiers homologués, a été déjà développé dans le cadre de la grippe H5N1(grippe aviaire). Il a fallu seulement remplacer les souches et arriver à mettre au point celui qui est actuellement commercialisé contre le H1N1, a-t-il souligné, en précisant que l'adjuvant n'est pas aussi dangereux qu'on le pense. « Ce sont des quantités de substances infiniment réduites qui sont utilisées et qui sont sans gravité sur la santé », a-t-il ajouté. Interrogé sur les résultats obtenus à l'Institut Pasteur d'Algérie en analysant le vaccin Arepanrix, utilisé également en France sous le nom de Pamderix, le Dr Makki dit n'avoir aucun commentaire à ce propos. Concernant la vaccination des femmes enceintes avec un vaccin adjuvé, le virologue recommande une vaccination sans adjuvant, mais dans le cas où cela n'est pas possible, la vaccination n'est possible qu'à partir du deuxième trimestre de la grossesse. Il est aussi recommandé à toute femme enceinte présentant des symptômes de la grippe de se présenter en urgence à un hôpital de référence pour consultation. Le Dr Makki a également signalé que le vaccin avec adjuvant est contre-indiqué chez les personnes transplantées (greffe d'organes).