L'incapacité des autorités, assemblées élues et administration, à engager des travaux de revêtement des pistes laisse perplexe. Il s'agit pourtant de l'une des opérations les plus simples à réaliser, et les plus bénéfiques pour la population. Permettre aux écoliers d'aller à leurs établissements et aux gens de rejoindre leurs foyers est à la base de tout programme de développement en direction des populations rurales. Ce minimum n'est souvent pas garanti et cela ne concerne pas uniquement les villages les plus reculés, mais parfois la proche banlieue des agglomérations. Beaucoup a été dit sur les actions de fermeture de la RN12 par les habitants de Sikh Oumeddour, à Oued Aïssi, à dix kilomètres du chef-lieu de Tizi Ouzou. A l'occasion de cette rentrée, des embouteillages de même proportion surviennent au même endroit, à Oued Aïssi, sans qu'il y ait action de fermeture de la route, mais simplement parce que celle-ci est complètement dépassée par le flux automobile. Presque deux heures pour parcourir dix kilomètres, et accéder à la ville, dimanche dernier. Il apparaît que l'engorgement est structurel, que cela ne dépend plus de la colère des villageois, mais représente une belle réussite de tous les responsables chargés de concevoir et de réaliser un réseau routier opérationnel. Cette journée noire, qui va sans doute se répéter plusieurs fois par semaine, a contraint les automobilistes à chercher des chemins improbables pour rallier le chef-lieu de wilaya. Par le côté sud, il était conseillé d'effectuer le détour par la commune limitrophe de Aït Aïssi, parcourir de nombreux kilomètres entre le barrage de Taksebt et les barrages militaires. Avant cela, il était possible de s'engager dans les champs, et traverser le village de Sikh Oumeddour. Là, l'on peut avoir une idée précise des conditions de vie de ces gens qui ont eu recours cet été au blocage de la route nationale. Le village a été maintenu dans un état de dénuement total. Les écoliers sont obligés de patauger dans la boue, dans ce village sans route, où la capacité de se mouvoir est quasi-nulle, du moins en hiver. L'aménagement des ruelles est-il vraiment un luxe auquel les villageois ne doivent pas prétendre ? Le coût de revêtement d'une piste est pourtant inférieur au budget consacré à la fabrication de prospectus pour des activités confidentielles.