Bien qu'il soit enseignant d'histoire de l'art aux Beaux-Arts de Marseille-Luminy et à l'Ecole nationale de photographie d'Arles, Frédéric Valabrègue n'est pas venu au CCF, dimanche dernier, en tant que tel, mais plutôt en écrivain et en amoureux de la poésie, un mode d'expression qu'il a pratiqué dès l'âge de 25 ans sans pouvoir en faire un métier, échec sur lequel il bâtira toute son œuvre, devenant au fil des années, non pas l'écrivain d'une histoire mais de toutes les histoires. Le poète sait manipuler la langue qu'il considère comme un corps qu'on sculpte, qu'on façonne et qui, à son tour, charme et fascine. Il trouve à Marseille, sa muse, et précisément dans le langage des jeunes taxés de délinquants, une matière d'une richesse infinie. Peut-être, « un langage-débris » ! Mais un langage qui n'a pas peur, plein de vie il rompt avec le purisme qui prédomine dans les maisons d'édition et que le conférencier appréhende comme une défensive qui confine l'écrivain dans un rôle d'intellectuel, lui, qui est davantage un artiste. Marseille à qui il a dédié un livre sans pour autant la citer, la ville sans nom, son premier roman, sort de l'ordinaire sans s'inscrire dans une idée de l'ailleurs. Dans les Mauvestis, paru en 2005, il nous fera découvrir de nouveaux personnages ; ces derniers se livrent à nous en partageant leur quotidien. L'auteur, s'appuie –dans cette entreprise- sur un monologue intérieur qui n'est à aucun moment centré sur le narrateur, le tout d'une simplicité déconcertante. Le conférencier semble avoir un idéal, celui de penser les choses différemment dans ses livres, une littérature engagée qu'il souhaite impure tout comme toute littérature qui se respecte. « La littérature c'est impur, on s'y approche de la réalité sans complètement la dire », fera-t-il remarqué.