Nous sommes réveillés ces derniers jours sur une déclaration surprenante comme si elle allait changer le cours de l'humanité.Cette funeste déclaration raciste et pleine de haine a été faite par les nouveaux héritiers de la doctrine de la supériorité de leur race : le ministre de l'Intérieur du gouvernement de l'hexagone a affirmé la suprématie de sa civilisation sur les autres civilisations, occultant ainsi la contribution des autres nations dans le progrès de l'humanité. Cette déclaration a été faite paraît-il pour des raisons purement politiques, afin de reccueillir les quelques voix de l'électorat de l'extrême droite, sans se soucier des conséquences désastreuses que pourraient produire de tels propos mal placés, émanant de fonctionnaires publics. Mais, en réalité, ce fonctionnaire public ne fait qu'appliquer un principe fondamental dans la civilisation qu'il défend, à savoir «la fin justifie les moyen».Il est admis que la civilisation est l' ensemble des caractéristiques sociales (religieuses, morales, esthétiques, techniques..) communes à une société ou à un groupe de sociétés. Ces caractéristiques morales et éducatives, notamment, auraient dû empêcher ce fonctionnaire et ses semblables de lancer de telles injures à d'autres races et civilisations qui ont contribué pleinement au développement de toute l'humanité. Est-il de la civilisation de mener une guerre contre une nation pour l'obliger à consommer de l'opium? (1) Est-il de la civilisation de déporter des millions d'êtres humains nés libres vers des contrées lointaines pour les rendre esclaves ? Est-il de la civilisation d'exterminer des peuples entiers et de les exproprier de leurs biens et terres ? Est-il de la civilisation qu'une minorité de 10% accapare les richesses mondiales contre 90% de l'humanité qui vit dans la précarité et la pauvreté absolues ? Est-il de la civilisation d'agresser notre mère nature en exploitant au maximum les richesses de la planète, propriété de toute l'humanité. Non, pas du tout, la civilisation que défend ce fonctionnaire, n'a rien des caractéristiques suscitées, c'est une avancée technologique pure et simple, basée sur la trinité du feu-fer et profit. Comment en est-on arrivés à ce que des fonctionnaires étatiques tiennent de tels propos ? Il est clair que la théorie de la suprématie de l'homme blanc et de sa civilisation n'a pas été inventée récemment, c'est une doctrine raciste et, soif de profit, enracinée dans l'homme blanc depuis l'Antiquité, mais ces derniers temps, on a constaté l'adoption de cette théorie dans l'ensemble des pays occidentaux. Pour quelles raisons ? A la fin du siècle dernier, un éminent professeur américain en sciences politiques a inventé une vision géopolitique basée sur un choc des civilisations, qui a été publiée pour la première fois en 1993 par la revue Foreign Affairs, selon sa théorie de pire fiction, les conflits du 3e millénaire ne seront plus idéologiques mais culturels : «Dans ce monde nouveau, la source fondamentale et première de conflit ne sera ni idéologique ni économique. Les grandes divisions au sein de l'humanité et la source principale des conflits sont culturelles. Les Etats-nations resteront les acteurs les plus puissants sur la scène internationale, mais les conflits centraux de la politique globale opposeront des nations et des groupes relevant de civilisations différentes. Le choc des civilisations dominera la politique à l'échelle planétaire. Les lignes de fracture entre civilisations seront les lignes de front des batailles du futur.»(2) Et pour Samuel Huntington, les civilisations se définissent par rapport à leur religion de référence, le Christianisme, l'Islam, le Bouddhisme, etc. La publication de cette fiction n'est pas innocente de toute connotation géopolitique, cet idéologue servait, bien sûr les intérêts stratégiques de son pays et de tout le cartel des pays occidentaux, et de cet fait, les tenants du pouvoir en Occident, notamment les USA, tenaient à mettre en œuvre cette vision en élaborant un plan en 3 étapes : étape 1 : invention de l'ennemi fictif ; étape 2 : promouvoir l'ennemi fictif ; étape 3: autodestruction de l'ennemi réel. C'est à ce moment qu'un nouvel ordre international a été proclamé par la puissance mondiale n° Un. Etape 1 : invention de l'ennemi fictif Le choix de l'ennemi pour la guerre des civilisations n'est pas fortuit, il devra répondre à certains critères, l'un d'eux est essentiel, la région doit regorger de richesses naturelles, afin d'assouvir la soif d'énergie des pays industrialisés, aussi, il faut que la civilisation à affronter représente par ses caractéristiques sociales (religieuses, morales, culturelles, techniques…) une réelle menace pour les valeurs de l'Occident. La région du Moyen-Orient / Afrique du Nord réunit les critères sus-cités, elle regorge de réserves naturelles capables d'assouvir la soif d'énergie de l'Occident, d'une part, et elle possède, d'autre part, toutes les caractéristiques d'une civilisation capable de détrôner l'Occident. Les autres civilisations ont été toutes domptées, le risque qu'elles renaissent est quasiment inexistant. Une fois le choix de la région et de la civilisation ennemie fait, et après étude de la société orientale, une opération de conception de l'ennemi a été menée avec une campagne médiatique diabolisant cet ennemi, sans précédent. Le déclin de la civilisation orientale n'est pas dû à des facteurs extérieurs, la décadence de la civilisation islamique est due principalement à des facteurs intérnes à la société elle-même. A l'apogée de la civilisation islamique, des mouvements extrémistes, radicaux, salafistes d'une pensée arriérée ont été favorisés par les gouvernants pour mâter la population en contestation permanente. Ces groupes, proches des gouvernants, se dotent de pouvoirs absolus sur la société, à ce moment-là. La liberté de pensée, qui été la pierre angulaire du message islamique, a été attaquée avec véhémence, jusqu'à être réduite à néant, l'ijtihad, un pilier fondamental dans la jurisprudence islamique, a été limité aux 4 doctrines islamiques, et de ce fait toute liberté de pensée, en dehors de ces 4 écoles, a été simplement interdite. C'est ce qui a conduit la civilisation musulmane vers le déclin et la décadence, et nous vivons jusqu'à présent les conséquences. L'Occident, qui a parfaitement étudié la société orientale, a pesé de tout son point sur ce facteur, principal responsable de la chute de la civilisation islamique, en accentuant, d'un côté la peur, l'effroi et la phobie chez la population de cet ennemi venu de loin et une pensée obscure et arriérée, menant une guerre terroriste sans merci, contre nos valeurs humaines chèrement acquises. Et de favoriser de l'autre côté, ces groupes radicaux au sein de la société orientale, les rendant aux yeux de leurs peuples de véritables héros qui défient cet Occident infidèle et mécréant. Les événements tragiques du 11 septembre 2001 viennent corroborer ce scénario conçu, et le choc entre une civilisation occidentale pleine de valeurs humaines et une civilisation ennemie rétrograde vient de se réaliser. Cet ennemi, dont la conception et l'invention on été faites dans les laboratoires de l'Occident, est désormais identifié, en apparence il est l'ennemi public n° 1 de l'Occident, mais en réalité, il est l'allié fidèle, pour ne pas dire agent de l'Occident, il existe une alliance tacite entre l'Occident et certains mouvements islamiques. D'ailleurs, comment expliquer que certains régimes rétrogrades du Golfe arabique mènent le même combat avec les Occidentaux ? Comment expliquer que des prêcheurs fanatiques, tels que Karadaoui, combattent côte à côte pour le même objectif avec des personnalités occidentales, soi-disant humanitaires et défenseurs des droits de l'homme, tels que Bernard Henry Lévy ? Le véritable ennemi de l'Occident, ce sont ces peuples de la région, instruits, épris de justice, de démocratie et de liberté, ce sont eux qu'il faut combattre en créant en leur sein un ennemi fictif pour l'Occident et réel pour l'Orient. L'Occident sait pertinemment qu'il ne peut pas détruire la civilisation orientale, sauf par une opération d'autodestruction menée par les éléments hétérogènes qui la composent. Etape 2 : promouvoir l'ennemi fictif Il faut maintenant passer à la deuxième étape, «promouvoir l'ennemi», il ne faut pas se contenter d'inventer l'ennemi, il faut le doter de moyens de nuisance terribles En premier lieu, ils ont favorisé la vision salafiste dans les sociétés musulmanes, des groupes radicaux ont vu le jour comme des champignons, avec des prêcheurs disposant de moyens de communication et de multimédia, afin de déstabiliser les pouvoirs archaïques en place. En second lieu, (situation actuelle) il faut permettre à ces groupes de prendre les rênes du pouvoir pour qu'ils aient la mainmise sur tous les volets de la vie sociale, le but étant de décimer tout germe de renaissance de cette civilisation. D'un autre côté, l'Occident connaît, en ce début de siècle, une crise financière aiguë, dont le bout du tunnel n'est pas près d'apparaître. Avec ces groupes islamiques au pouvoir, fervents défenseurs du libre marché, une lueur d'espoir de solution de la crise peut être envisagée, grâce, notamment, aux richesses de cette région. Etape 3 : autodestruction de l'ennemi réel Ces mouvements radicaux, une fois arrivés au pouvoir, vont consciemment, ou inconsciemment, par leur esprit limité, leur vision archaïque et leur pensée rétrograde, en combattants acharnés de la liberté de pensée, des droits élémentaires de la femme, avec leur projet de société arriéré contre toute modernité, accomplir la mission confiée par leurs maîtres, et déjà accomplie par leurs ancêtres auparavant. Est-il logique qu'au 3e millénaire on refuse le droit à la femme de conduire une voiture ? Est-il logique qu'au 3e millénaire on impose une manière de s'habiller aux femmes ? Où sont les libertés individuelles que l'Islam a garanties ? Cette fois-ci, la civilisation orientale ne renaîtra jamais de ses cendres. Conclusion L'apport des autres civilisations, notamment de l'Orient, dans le progrès de toute l'humanité, et spécialement l'Occident, est incontestable, le nier serait absurde. «L'influence civilisatrice de l'Orient sur l'Occident fut très grande, mais cette influence fut beaucoup plus artistique, industrielle et commerciale que scientifique et littéraire. Quand on considère le développement considérable des relations commerciales et l'importance des progrès artistiques et industriels, engendrés par le contact des croisés avec les Orientaux, on peut affirmer que ce sont ces derniers qui ont fait sortir l'Occident de la barbarie, et préparé ce mouvement des esprits que l'influence scientifique et littéraire des Arabes, propagée par les universités de l'Europe, allait bientôt développer et d'où la renaissance devait sortir un jour »(2). Nous dirons enfin, solennellement, à haute voix et avec véhémence à ces concepteurs de théories de fiction, que le choc des civilisations dont vous parlez ne nous concerne pas, c'est un choc entre la civilisation occidentale, basée sur l'ignorance et un ennemi ignorant conçu dans vos laboratoires, nous vous affirmons qu'il ne s'agit pas d'un choc de civilisations, mais plutôt d'un choc des ignorances. L'attitude hypocrite et arrogante de l'Occident, en s'appropriant les valeurs humaines chèrement acquises, et le patrimoine collectif de toutes les civilisations et l'humanité, sera l'élément déclencheur de sa décadence accélérée.
Notes de renvoi : 1-. Le choc des civilisations, Samuel Huntington. 2- La civilisation des Arabes (1884), Gustave Le Bon