Le tribunal de Sidi M'hamed (Alger) a rendu son verdict, jeudi, en faveur de la journaliste Salima Tlemçani et du directeur du journal, Omar Belhouchet, ainsi que de M. Hezil. Le juge a prononcé la relaxe. Une victoire. Celle du journalisme d'investigation contre les gros bonnets du trafic. La plainte déposée par le général Kamel Abderrahmane pour diffamation contre le quotidien El Watan est ainsi annihilée. L'enquête publiée par le journal en octobre 2006, sous le titre «Trafic de drogue à l'ouest du pays : révélations sur le cartel d'Oran», avait révélé non seulement l'étendue du trafic de drogue à l'Ouest notamment, mais également et surtout l'implication de hauts responsables militaires et civils de l'Oranie. Pour l'avocat de la défense, Khaled Bourayou, la décision du juge est «importante à plusieurs titres ; elle confirme que les investigations menées par le journal sont objectives et le fruit d'un travail professionnel. L'arrêt prend conscience de l'ampleur du trafic de stupéfiants qui n'est pas le fait de simples dealers, mais celui de hauts responsables, quels que soient leur corps et leur hiérarchie. Que ces responsables ont bénéficié de grandes protections et surtout ont accumulé d'énormes richesses au prix de grands ravages dans la société». Lors du procès, le 8 mars dernier, la journaliste Salima Tlemçani avait dit au juge qu'elle avait réalisé cette enquête pour «rendre hommage aux soldats fauchés par le terrorisme pendant que de hauts responsables militaires trempaient dans le trafic». Le directeur du journal, Omar Belhouchet, lui, avait défendu le droit et le rôle de la presse à mener des enquêtes «quitte à mettre en cause de hauts responsables dans l'appareil de l'Etat». Il faut dire que dans cette affaire, c'est aussi la victoire d'un homme, Kada Hezil, qui avait pris le risque de dénoncer de hauts dignitaires militaires et civils impliqués dans le trafic de drogue. Il en a payé le prix : deux ans de prison. Mais il ne baisse pas les bras.