L'Association nationale des familles de disparus (ANFD) décoche des fléchettes sur le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), Farouk Ksentini, qu'elle accuse de manipuler certains de ses membres. « Bien pris en charge, des membres de l'ANFD sont encouragés à élever les enchères des indemnisations proposées par la commission Ksentini dans le but évident du renoncement à la recherche de la vérité et de la justice », lit-on dans une déclaration de cette organisation. Ces individus, qui revendiquaient dix millions de dinars dans un mémorandum pour chaque disparu en guise de réparation matérielle, « sont instrumentalisés pour polluer toutes les structures qui restent fidèles au seul combat de la recherche de la vérité et de la justice ». Dès lors, l'organisation que préside Lila Iril, qui rejette toute indemnisation, se dit consciente que « par cette démarche, le Pouvoir tente d'acheter la conscience des meilleurs d'entre nous ». Elle ajoute : « Après avoir longtemps louvoyer, la commission Ksentini, sur instruction de la Présidence, opte pour une démarche individualisée qui consiste à faire pression sur les familles par le biais d'une indemnisation sous prétexte que les disparus sont tous morts. » Mme Lila Iril rappelle, par la même occasion, que l'ANFD n'est ni un syndicat ni une organisation à but lucratif et qu'elle a pour objectif « la consécration du combat de milliers de familles pour la reconnaissance du drame qu'elles endurent (...). La création de l'association est un acte de serment pour la continuité du combat afin que la vérité éclate ». Un combat pour lequel elle ne compte pas lâcher prise quel qu'en soit le prix. « Si aujourd'hui le Pouvoir cherche des moyens détournés pour se débarrasser de ce dossier, qu'il sache bien que la tâche ne lui sera pas facile », menace l'ANFD. Cette dernière résume son combat par une prise en charge sociale par l'Etat des familles par le biais de l'octroi de pensions aux mères, épouses ou enfants des personnes disparues. Une prise en charge, selon elle, qui revient à l'Etat. Car, à ses yeux, « l'Etat est de surcroît responsable des disparitions ». L'ANFD réitère son opposition à l'amnistie générale sans que les responsables des disparitions soient traduits devant la justice. « Sans préjuger du contenu de cette amnistie générale, il n'est ni possible ni viable de tirer un trait sur la tragédie sans que des milliers d'Algériennes et d'Algériens soient instruits du sort des leurs, sans que les responsables soient traduits devant la justice », note-t-elle. L'ANFD estime en outre que « la loi d'amnistie ne peut être opposable aux victimes des disparitions et qu'aucune loi ne doit soustraire les coupables à la justice ». Elle affirme n'attendre rien de ce projet d'amnistie, dont les contours restent flous.