Le bras de fer engagé entre les associations défendant les disparus et la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (CNCPPDH) prend des allures de confrontation. Selon un communiqué parvenu hier à notre rédaction, « Slimane Hamitouche, membre de l'Association nationale des familles de disparus (ANFD), a fait l'objet, le 22 août dernier, d'une interpellation au niveau du siège de la CNCPPDH par des policiers qui l'ont conduit dans le bureau de M. Bousseta », membre de la CNCPPDH. Celui-ci, poursuit le communiqué, « a proféré des menaces contre deux membres du bureau de l'ANFD, Mme Fahassi, épouse du journaliste disparu, et Mme Ighil, sœur du disparu Mohamed interpellé à l'intérieur de Netcom ». Par la même occasion, le communiqué avance que « selon toute vraisemblance, la commission de Ksentini semble s'atteler à créer une ANFD redresseurs pour servir de caution au processus de l'oubli initié par la commission ». A ce propos, il est utile de rappeler que l'ANFD - qui existe depuis 1998 - a été informée, le 15 août dernier, du refus de Farouk Ksentini, président de la CNCPPDH, de rencontrer des membres de cette association au motif qu'elle ne serait pas agréée. Le vœu d'une telle rencontre avait pour objectif de demander « des éclaircissements sur les déclarations publiques contradictoires de M. Ksentini sur le sujet des personnes disparues après interpellation par des éléments des corps constitués de l'Etat ». Un sujet qui conduit justement deux autres associations, SOS Disparus de Fatima Yous et le Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA) de Nassera Dutour, à provoquer, aujourd'hui à 11h à la rue Volta, à Alger, une conférence de presse. Selon un communiqué commun parvenu à notre rédaction hier, cette conférence de presse servira à « faire part des inquiétudes et des interrogations quant au processus entamé actuellement par la CNCPPDH ». Ainsi, précise-t-on, depuis que cette commission a entamé la consultation massive avec les nombreuses familles de disparus, c'est le désarroi qui domine chez les parents de ceux-ci. Il y a aussi, ajoute-t-on, de la colère, celle « surtout de se voir proposer une aide financière parfois plus de 10 ans après avoir été privés d'un fils ou d'un mari et après avoir vécu ces longues années dans une véritable misère ». Ce qui amènera les deux ONG à s'interroger : « S'agit-il d'une simple aide sociale pour les familles ou une indemnité pour solde de tout compte ? Quels en seront le montant et les critères d'octroi ? » Ceci pour se demander : « Si, au terme de la campagne de la CNCPPDH, l'Etat ne tente pas de minorer les familles qui refusent l'indemnisation et de diaboliser les associations qui s'obstinent à vouloir faire la lumière sur les vérités ? »