Les employés dans le cadre des différents dispositifs de pré-emploi (Anem, DAS et filet social) ont organisé, hier, une marche de protestation dans la ville de Tizi Ouzou. La marche a démarré de la place de l'ancienne marie, pour aboutir devant le siège de wilaya où un imposant rassemblement a été tenu. Les centaines de ces jeunes diplômés, issus des universités et des centres de formation professionnelle ont voulu ainsi exprimer publiquement leur refus d'être «exploités» dans les administrations publiques durant des années sans qu'ils n'aient accès à la titularisation. Pour se faire entendre le long de leur itinéraire, les manifestants ont déployé, sous une pluie battante, des banderoles et pancartes sur lesquelles on peut lire : «Non à l'exploitation administrative», «Titularisez les pré-emplois», «L'intégration des pré-emplois est un droit»… Les jeunes diplômés ont revendiqué, en plus de la titularisation, à être prioritaires dans les concours de recrutement internes et externes au sein des administrations publiques. Tout en demandant dans ce contexte le gel de tous les concours nationaux, les jeunes du pré-emploi ont exigé en outre à ce que les postes laissés par des retraités soient attribués aux diplômés en exercice dans ce dispositif et ayant acquis suffisamment d'expérience. Le long de leur itinéraire, les marcheurs ont scandé des slogans exprimant leur désarroi, fustigeant la politique de l'emploi en Algérie qui expose les travailleurs à la précarité et au manque d'assurance en leur avenir socioprofessionnel. «C'est injuste. Je travaille depuis près de trois ans dans une administration publique où j'ai acquis une expérience appréciable dans mon domaine. Je me demande pourquoi on ne nous favorise pas dans les concours de recrutement. L'administration a pourtant tout à gagner», clame une juriste. «Ce qui intéresse les pouvoirs publics est le taux annuel de chômage qu'ils doivent annoncer pour prévaloir «la réussite» de leur politique d'emploi, mais sans se soucier de notre avenir professionnel. 9000 DA/mois pour un licencié est une aberration !», tonne une manifestante. Une misère latente se laisse déceler dans les mots d'un père de famille rencontré sur le lieu du rassemblement. «Je suis obligé de travailler les week-ends pour gagner un peu plus d'argent pour ma famille. Je touche à peine 4000 DA/mois dans le filet social. Je fais quoi avec 4000 DA lorsqu'on sait que la pomme de terre s'affiche à 100 dinars le kilo ?», dit un employé dans une APC. La détresse des jeunes et leur inquiétude se font sentir. «Les responsables disent que ce dispositif est là pour nous permettre d'avoir une expérience. Mais que va-t-on faire de cette expérience lorsqu'on ne nous offre pas d'opportunités de travail ? Les contrats de la plupart de ces jeunes sont à leur échéance, tandis que ceux de certains autres viennent tout juste de commencer. Même les années de cotisation à la sécurité sociale durant le contrat ne sont pas, semble-t-il, comptabilisées pour la retraite», clament des protestataires. Organisés en collectif, ces employés se disent déterminés à mener la protestation jusqu'à la satisfaction de leurs revendications. «D'autres actions vont suivre et nous allons maintenir chaque lundi comme journée de protestation avant d'aller vers un mouvement national», déclare une représentante du collectif.