A l'occasion du 105ème anniversaire du décès de l'écrivain mystique Isabelle Eberhardt, le Centre culturel français d'Alger organise aujourd'hui à partir de 14h30 une conférence autour de la vie et de l'œuvre de cette femme de lettres. La conférence s'intitule "Une interview publique de Mme Charles-Roux autour de sa vie, son œuvre et Isabelle Eberhardt ", Edmonde Charles-Roux, née le 17 avril 1920 à Neuilly-sur-Seine, est une femme de lettres française. Elle était pendant la Seconde Guerre mondiale, infirmière ambulancière volontaire, tout d'abord dans une unité de Légion étrangère, le 11e régiment étranger d'infanterie. Elle est blessée à Verdun en portant secours à un légionnaire.Ensuite, elle entre en Résistance, toujours comme infirmière.En 1966, Edmonde Charles-Roux signe " Oublier Palerme " et en obtient le Prix Goncourt. Ce roman est adapté au cinéma, en 1989, par Francesco Rosi sous le même titre en français.Edmonde Charles-Roux connaît par la suite une carrière littéraire marquée notamment par " Elle Adrienne ", roman paru en 1971, " L'Irrégulière ", sur Coco Chanel, paru en 1974, et la biographie d'Isabelle Eberhardt en deux tomes, " Un désir d'Orient " et " Nomade j'étais ", parus en 1988 et 1995 respectivement.D'ailleurs l'an dernier, l'histoire à la fois mythique et mystique d'Isabelle Eberhardt, a été publiée aux éditions Alpha, sous le titre, " Si Mahmoud ou la renaissance d'Isabelle Eberhardt " . Le livre qui remet les événements dans leur contexte précis, précisément au XIXème siècle, est signé Catherine Stoll-Simon. Tout ce que la mémoire algérienne retient, de prime à bord, de cette femme littéraire qu'est Isabelle Eberhardt, c'est qu'elle a renoncé comme les ermites au " luxe " de l'Europe pour s'établir dans le désert algérien qui l'a, durant toute sa vie, fascinée. Ce n'est pas la Georges Sand, mais la comparaison peut se faire du moment où cette femme, native de Genève, s'habillait, une fois dans notre Sud, en homme pour pouvoir explorer le cercle fermé des hommes. C'est ainsi que se comportait la Georges Sand, pour se former et s'informer auprès des milieux bourgeois exclusivement masculins, avec cela de plus, qu'elle, " Georges " fumait le cigare et pas " Si Mahmoud " ou encore Isabelle. " je ne pourrai rester à Tunis que dix, quinze jours, car je suis attendue, à Batna, pour le 1er juillet, si possible avant. Au commencement de septembre je rentrerai à Tunis où je me fixerai définitivement…. " c'est par ce courrier daté du 1er juin 1899, que l'auteur introduit son ouvrage de 133 pages. Un ouvrage basé sur une riche documentation, ainsi que des questionnements autour de cette femme vagabonde, qui fait et qui va inlassablement vers ses passions. "Je me suis souvenue de ce soir de septembre, il y a deux ans, où, accoudée avec Aly à la petite fenêtre du beuglant juif de la Goulette, à la veille du lugubre départ, quand je sentais tout s'effondrer autour de moi et en moi, et où seule la mort me semblait une issue possible, j'écoutais d'un coté, bruire doucement la mer calme et de l'autre, la voix claire et pure de la petite Noucha de Sidi Béyène moduler la triste cantilène andalouse : Ma raison a fui, ma raison a fui ! La voix chaude, passionnée et sonore d'Aly reprenait, comme en rêve, le refrain mélancolique et moi j'écoutais " écrit encore l'auteur qui reprend bien sûr les notes de "son personnage" qui, ici, datent de février 1901, exactement au moment où Isabelle est hospitalisée à El Oued après une tentative d'attentat perpétrée par un membre de la Tidjania se disant inspiré par Allah. " Si Mahmoud ou la renaissance d'Isabelle Eberhardt ", fonctionne, en fait, sur des documents écrits, ou encore sur un courrier soit reçu soit envoyé, sur des photographies se rapportant à différentes périodes de la vie de cette femme. De façon chronologique, Catherine Stoll-Simon rapporte des faits réels, les commentant parfois, se questione surtout et rapportant, également, un ensemble de détails sur la vie mais aussi sur l'œuvre de ce troubadour qui a toujours préféré l'authenticité au faste de l'amour de Dieu, à celui des choses…. Enfance marginale et libertaire, très tôt Isabelle vivra hors de toute contrainte sociale. A 20 ans, Isabelle quitte Genève pour Bône, dans l'est constantinois. Elle découvre un pays, une culture, une religion, l'Islam, qui vont l'imprégner totalement. A El Oued, elle rencontre Slimène. L'union de l'Européenne et du saphi indigène fait scandale. En 1903 elle croisera Lyautey, un moment apôtre d'une colonisation "différente". Très jeune, elle signe un grand nombre de nouvelles, un roman inachevé, des articles, des récits de voyage et sa correspondance qu'elle considérait comme une partie de son œuvre. Le désert la fascine et elle adopte une vie errante. Elle devient un étonnant témoin de la réalité algérienne. Son œuvre d'écrivain comporte de nombreux articles, nouvelles, récits, romans, centrés sur l'Islam. Dans son approche du Maghreb, elle rompt complètement avec l'orientalisme et le pittoresque des écrits d'alors. Le 25 octobre 1904, elle trouve la mort dans l'inondation d'Aïn-Sefra, elle avait 27 ans. Rebouh H.