Le 7e Festival du film oriental (Fifog), qui s'est déroulé du 28 avril au 6 mai, à Genève, a donné à voir au public helvétique, à travers une programmation riche et variée faite de documentaires, de longs et courts métrages de fiction, un cinéma dont il est privé le reste de l'année, compte tenu du fait que ces films ne sont que très rarement distribués en Europe. Mais pourquoi un Festival «du film oriental», alors qu'il comporte des films algériens, tunisiens, marocains ainsi que des films égyptiens, syriens et irakiens ? Selon Tahar Houchi, directeur artistique du festival : «L'Orient, dans l'esprit occidental, comprend aussi bien la région du Machreq que celle du Maghreb. Bien que géographiquement ce terme n'englobe pas le Maghreb, cette appellation est ici privilégiée, car elle suscite l'imaginaire, sans pour autant être prisonnière de quelque frontière. De ce fait, ce festival incite à un éclatement du regard, propice à la restitution d'une réalité riche et diversifiée.» Cette réalité, le festival a choisi de ne pas la limiter aux conflits armés et aux questions de religion, dont nous submergent les médias occidentaux. Les films sélectionnés dépassent volontiers cette seule thématique, bien que certaines fictions et documentaires nous racontent avec brio ce que l'on a nommé «Printemps arabe». Plus jamais peur, le documentaire sur la révolution tunisienne de Mourad Ben Cheikh, en est un bel exemple. En ce qui concerne le septième art algérien, le festival comptait parmi ses invités Faouzi Saïchi, dit R'mimez, acteur algérien de renom que le public genevois a pu découvrir dans Les folles années du twist (1983) de Mahmoud Zemmouri. Pour ce qui est des productions plus récentes, Merzak Alouache a présenté Normal !, son avant-dernier long métrage (2011), qui relate les difficultés rencontrées par un jeune cinéaste algérien. Pour sa part, Dahmane Ouzid a choisi de raconter, avec humour et fraîcheur, les problèmes et les aspirations de la jeunesse algérienne à travers la comédie musicale intitulée Essaha (La Place, 2010). Autre pari tenu par le festival, celui de mettre en avant de jeunes cinéastes souvent méconnus du grand public. Citons à titre d'exemple, le beau court métrage du jeune Algérien, Sofiane Bellali. L'Encre et le monde, déjà récompensé au Festival du film tamazigh de Tizi Ouzou, cette année.