Ils étaient 97 844 à être pris en charge en 2011 par les 19 services spécialisés de cet hôpital régional. La même année, 13 669 patients ont été admis au pavillon des urgences de chirurgie, de médecine et de pédiatrie sur un total de 118 334 consultations, soit un taux d'occupation de lits de 244 %. Ce flux de malades n'est pas sans conséquences sur la qualité de la prise en charge médicale au sein de cet établissement datant de l'époque coloniale, qui prend en charge, à lui seul, une population de quatre millions d'habitants. Résultat : files d'attente devant les services, colères dantesques et des rendez-vous éloignés dans le temps pour des interventions chirurgicales pourtant bien nécessaires. Jusqu'à 4 ans pour une opération de l'hernie inguinale, une pathologie qu'on peut contracter à tout âge, y compris chez les nouveau-nés. Selon des témoignages recueillis sur place, rares sont les chanceux qui parviennent à se faire opérer dans un délai de six mois. Selon une source hospitalière, quelque 3000 patients seraient sur les listes d'attente au service de chirurgie viscérale. En dépit des moyens humains et matériels mis à la disposition de ce service, dont trois blocs opératoires dotés d'un plateau technique moderne, 17chirurgiens, deux médecins réanimateurs et 30 résidents, le nombre d'actes chirurgicaux enregistrés dans ce même service en 2011 n'a pas dépassé 656, soit deux opérations par jour. Un «rendement» jugé négatif, explique-t-on, comparativement aux bilans réalisés dans des établissements hospitaliers de moindre importance, comme les EPH d'Azeffoun, Azazga, Draâ El Mizan, Larbaâ Nath Irathen, Bouira et Béjaïa. «A ce rythme, il faudra au moins cinq années pour pouvoir satisfaire tous les malades qui attendent d'être opérés», nous dit-on. Contacté par nos soins, le chef du service de chirurgie viscérale du CHU Nedir Mohamed de Tizi Ouzou réfute ces griefs. «C'est trop exagéré. Le nombre de patients en attente d'intervention chirurgicale dans notre service ne dépasse pas 160. Ce sont des accusations infondées et malveillantes. Les listes d'attente existent dans toutes les spécialités chirurgicales du CHU de Tizi Ouzou. Notre service dispose de 50 lits dont 10 en post-opératoire (réanimation). Les interventions chirurgicales que nous effectuons sont très délicates et prennent beaucoup de temps. C'est d'ailleurs le seul endroit où elles sont pratiquées. Nous recevons plusieurs malades et les cas les plus urgents passent en priorité», explique le Pr Belhocine. Structures obsolètes Pour répondre à la forte demande des malades de la wilaya et des régions limitrophes, comme Béjaïa, Bouira et Boumerdès, la direction du CHU de Tizi Ouzou a demandé l'inscription d'un nouveau pavillon des urgences. «C'est une nécessité absolue parce que l'activité est complètement dépassée. Le CHU Nedir Mohamed fait office de polyclinique, de centre de santé. Nous sommes en train de faire un travail qui consiste à extraire les véritables urgences des consultations ordinaires», annonce le directeur du CHU de Tizi Ouzou, Abbes Ziri. Outre la saturation avérée et la vétusté de cet établissement hospitalier, il y a lieu de relever que les structures de santé de proximité de la wilaya ne sont pas suffisamment dotées en moyens humains et matériels pour résorber un tant soit peu ce flux vers le CHU. Pour ces raisons et tant d'autres, notamment l'insécurité, pas moins de 17 salles de soins ont fermé dans la région.