L'ajournement à mars 2010 de l'examen du rapport Goldstone sur les crimes de guerre d'Israël lors de sa guerre contre Ghaza, à la demande du délégué palestinien au conseil des droits de l'homme de l'ONU a mis l'autorité de Mahmoud Abbas dans de sales draps. En effet pour une fois que l'Etat hébreu était mis en demeure de répondre de ses actes, il a bénéficié contre toute attente d'une planche de salut tendue par… l'Autorité palestinienne ! En effet et contrairement aux déclarations de son représentant à l'assemblée générale du conseil à Genève, c'est lui-même qui a demandé le report de l'examen du rapport Goldstone et non pas le groupe arabe et musulman. Le délégué de Mahmoud Abbas aurait ainsi cédé aux pressions des Américains qui ne voulaient pas que leurs « poulains » israéliens soient accusés de crimes de guerre. L'Etat hébreu s'en était donc sorti indemne de toute condamnation avec, ironie de l'histoire, la bénédiction du représentant du peuple qu'il a pulvérisé avec ses bombes phosphoriques ! Et c'est fort logiquement que les autres factions palestiniennes ont dénoncé ce qu'elles en appellent la « haute trahison ». Pour le Hamas, le FPLP et le FDLP, l'Autorité palestinienne a « vendu la cause ». Même au sein d u propre camp de Mahmoud Abbas, le report a eu l'effet d'une bombe. Un ministre indigné, a même démissionné de son poste en signe de protestation. Hier, c'était le tour du pourtant très « égyptien » Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe, de réitérer sa « vive indignation » de la demande du report du vote sur le rapport Goldstone sur les crimes de guerre perpétrés lors des agressions israéliennes contre Ghaza. Feuille de route, feuille de vigne… Dans des déclarations à la presse publiées hier au Caire, M. Moussa s'est dit « profondément indigné » de cette attitude mettant en garde contre les répercussions négatives d'une telle décision à long terme. Cette décision prise à Genève « est d'une grande gravité et tout à fait négative », a martelé M. Moussa ajoutant qu'il était « inconcevable qu'un rapport demandé par l'ONU soit établi après une enquête sur les crimes commis contre la population en Palestine, particulièrement à Ghaza et qu'il soit toujours en suspens ». « La construction des colonies se poursuit alors que le rapport Goldstone est mis à l'écart sans qu'il y ait une position arabe commune », s'est interrogé M. Moussa qui s'est félicité du rapport, d'autant que « l'absence de justice sape tout espoir de relance du processus de paix ». De son côté, l'Etat du Qatar, qui continue de casser l'unanimisme arabe, a mis les pieds dans le plat en déclarant hier que c'est l'Autorité palestinienne et non les pays arabes et islamiques, qui avait demandé le report du vote sur le rapport de l'ONU fustigeant l'attitude d'Israël pendant la guerre de Ghaza. « Le délégué palestinien a demandé le report de l'examen du rapport au cours de la réunion le 2 octobre du Conseil des droits de l'homme de l'ONU et a informé tous les participants de sa demande », a déclaré le directeur du bureau des droits de l'homme au ministère des Affaires étrangères, cheikh Khaled Ben Jassem Al Thani. « Nous ne serons pas plus royalistes que le roi, puisque les Palestiniens ont eux-mêmes demandé le report », a ajouté le responsable qatari dans des déclarations à la chaîne satellitaire Al-Jazira. Cheikh Khaled a démenti que la demande de report ait été formulée à la demande du groupe arabe et islamique à l'Onu, comme l'avait annoncé l'Autorité palestinienne. Il a estimé que « le vote aurait pu avoir lieu et je crois qu'une bonne occasion (de condamner Israël) a été perdue et pourrait ne pas se renouveler ». Ce feu nourri contre l'Autorité palestinienne coupable d'avoir « sauvé » Israël d'une condamnation, intervient au moment où l'armée d'occupation poursuivait hier le bouclage de la mosquée El Aqsa, à El Qods, dans le cadre de la politique israélienne de répression dans les territoires palestiniens occupés. Selon des agences de presse, qui citent des témoins, des milliers de policiers israéliens ont été déployés pour la deuxième journée consécutive autour de la mosquée El Aqsa, dans la partie orientale d'El Qods. C'est là la première « récompense » d'Israël à Mahmoud Abbas qui semble obéir une autre feuille de route que celle qui vise à prendre Israël en flagrant délit de crime de guerre.