Le rapport stigmatisant principalement le comportement d'Israël devait être évoqué hier au Conseil de sécurité de l'ONU dans le cadre d'un débat général sur la situation au Proche-Orient. Placé sur la défensive à l'ONU par le rapport Goldstone, Israël compte sur les Etats-Unis pour torpiller toute résolution sur ce document qui accuse l'armée israélienne de crimes de guerre et de crimes assimilés à des crimes contre l'humanité lors de son agression contre Ghaza. «La secrétaire d'Etat Hillary Clinton s'est engagée à ce que les Etats-Unis opposent leur veto en cas de décision du Conseil de sécurité» entérinant le rapport du juge sud-africain Richard Goldstone, a déclaré la représentante d'Israël à l ONU, Gabriela Shalev, à la radio israélienne. Elle a déploré que le rapport dénoncé par l'Etat hébreu fasse même l'objet d'un débat au Conseil de sécurité, soulignant qu'Israël n'était pas en mesure de s'y opposer. «Qu'un rapport aussi inique, saugrenu et unilatéral puisse être pris au sérieux par des pays démocratiques n'est en soi pas rassurant», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Yigal Palmor. «Nous nous employons à faire comprendre qu'une validation du rapport aurait deux conséquences graves: d'une part elle mettrait en danger la relance des négociations avec les Palestiniens, d'autre part elle constituerait un précédent dangereux en empêchant tout pays résolu à se défendre contre le terrorisme», a-t-il ajouté. Le rapport stigmatisant principalement le comportement d'Israël devait être évoqué hier au Conseil de sécurité de l'ONU à New York dans le cadre d'un débat général sur la situation au Proche-Orient. Cette décision de compromis a été prise par un Conseil divisé, lors de consultations à huis clos consécutives à une demande de la Libye -soutenue par le groupe arabe et les non-alignés -, d'une réunion d'urgence pour discuter du rapport de la commission d'enquête dirigée par le juge Richard Goldstone. Celle-ci avait été chargée par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, basé à Genève, d'enquêter sur la guerre de Ghaza. Le Conseil doit débattre aujourd'hui du rapport lors d'une session extraordinaire destinée à examiner «la situation des droits de l'Homme dans les territoires palestiniens et à Jérusalem-Est occupés». Devant les réticences des pays occidentaux, les partisans d'une approbation du rapport avaient décidé le 2 octobre, à la fin de la dernière session ordinaire du Conseil des droits de l'Homme, «de donner plus de temps pour un examen fondé et complet du rapport de la mission d'enquête» Goldstone. Le président palestinien Mahmoud Abbas, qui dans un premier temps avait défendu le report de six mois de ce vote, a été contraint de faire volte-face sous la pression de sa propre opinion publique et face aux dénonciations véhémentes du Hamas, qui contrôle la bande de Ghaza. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est lui aussi déclaré favorable à ce que le Conseil des droits de l'Homme revienne sur sa décision de reporter l'examen du rapport à mars 2010. La présidence suédoise de l'Union européenne a quant à elle estimé que le rapport était «digne de considération». Selon des diplomates à New York, les pays occidentaux ont toutefois refusé la tenue d'une réunion spécifique sur le rapport Goldstone, qu'ils considèrent comme «défectueux» et «déséquilibré». Le document met également en cause les groupes armés palestiniens tirant des roquettes sur des localités en Israël à partir de la bande de Ghaza, contrôlée par le mouvement islamiste Hamas, et recommande aux deux parties, israélienne et palestinienne, d'effectuer leurs propres enquêtes sur les événements de décembre 2008-janvier 2009. L'offensive israélienne contre la bande de Ghaza a fait plus de 1400 morts palestiniens durant cette période, en majorité des civils, selon des sources médicales palestiniennes. Côté israélien, dix militaires et trois civils ont été tués, selon les chiffres officiels.