L'annonce survient alors que M.Abbas est sur la sellette, accusé d'avoir cédé à des pressions US pour renvoyer aux calendes grecques l'examen du rapport de l'ONU sur l'agression de Ghaza. Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, «examine sérieusement» la possibilité de recommander de référer devant l'ONU un rapport fustigèant l'attitude d'Israël, lors de l'agression de la bande de Ghaza, a-t-on appris hier de source palestinienne. Cette initiative marque un retournement du président Abbas, favorable à un report du vote de l'ONU sur ce rapport controversé et qui a été très vivement critiqué dans les rangs palestiniens, y compris dans son propre camp. «Le président Abbas examine sérieusement la possibilité de demander au bloc arabe et islamique de présenter officiellement le rapport Goldstone aux organes internationaux, y compris l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité des Nations unies», a déclaré le négociateur palestinien, Saëb Erakat. L'annonce survient alors que M.Abbas est sur la sellette, accusé d'avoir cédé à des pressions des Etats-Unis pour remettre aux calendes grecques l'examen du rapport de la commission d'enquête de l'ONU sur l'agression israélienne contre Ghaza. Celui-ci accuse notamment Israël de «crimes de guerre» et de crimes pouvant être assimilés à des «crimes contre l'humanité» durant son agression contre le territoire palestinien en décembre-janvier dernier. L'offensive israélienne contre la bande de Ghaza, du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009, a fait plus de 1400 morts palestiniens, en majorité des civils, selon des sources médicales palestiniennes. Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a reporté à sa session de mars 2010 le vote d'une résolution sur ce rapport. M. Erakat a reconnu que la nouvelle décision de M.Abbas intervenait «à la lumière de la polémique née autour de ce report.» «Nous voulons débattre du rapport devant les organismes internationaux (...) afin de s'assurer que les crimes d'Israël contre notre peuple ne se reproduiront plus», a-t-il souligné. Le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Ghaza, a accusé M.Abbas d'avoir personnellement commandité ce report, et a prévenu hier que cela pourrait avoir des conséquences sur le dialogue interpalestinien mené sous l'égide de l'Egypte. «Toutes les factions palestiniennes, y compris le Hamas, sont en colère contre l'Autorité (palestinienne) après ce qui s'est passé avec le rapport Goldstone et cela pourrait affecter les arrangements pour le dialogue», a déclaré le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum. Si la Syrie à critiqué à demi-mots le report de l'examen du rapport Goldstone en reportant sine-die la visite à Damas du président palestinien, Mahmoud Abbas, le Qatar est, en revanche, passé à l'offensive, en affirmant hier que l'Autorité palestinienne, et non les pays arabes et islamiques, avait demandé le report du vote sur le rapport de l'ONU fustigeant l'attitude d'Israël pendant la guerre de Ghaza. «Le délégué palestinien a demandé le report de l'examen du rapport au cours de la réunion le 2 octobre du Conseil des droits de l'homme de l'ONU et a informé tous les participants de sa demande», a déclaré le directeur du bureau des droits de l'homme au ministère des Affaires étrangères, cheikh Khaled ben Jassem Al Thani. «Nous ne serons pas plus royalistes que le roi, puisque les Palestiniens ont, eux mêmes, demandé le report», a ajouté le responsable qatari dans des déclarations à la chaîne satellitaire Al Jazeera. Cheikh Khaled a démenti que la demande de report ait été formulée à la demande du groupe arabe et islamique à l'ONU, comme l'avait annoncé l'Autorité palestinienne. Il a estimé que «le vote aurait pu avoir lieu et je crois qu'une bonne occasion (de condamner Israël) a été perdue et pourrait ne pas se renouveler».