Paris De notre correspondante La Cimade constate chaque jour les conséquences violentes de cette politique sécuritaire pour les personnes qu'elle accompagne, ses répercutions sur l'ensemble de la société et sur le regard porté sur les étrangers. «La maltraitance dont sont victimes les personnes étrangères doit cesser. L'amélioration des conditions d'accueil et d'instruction des dossiers dans les préfectures et l'abandon des objectifs chiffrés en matière d'expulsion doivent être une première étape», recommande l'association œcuménique, dans un communiqué. La Cimade appelle le président François Hollande à «mettre fin au placement en rétention des familles, y compris à Mayotte», «mettre fin aux expulsions de demandeurs d'asile en cours de procédure, quel que soit leur statut», «régulariser les personnes engagées dans le mouvement de grève des travailleurs sans papiers qui a débuté en octobre 2009», «garantir le droit au séjour des personnes étrangères gravement malades qui vivent en France». La Cimade demande aussi «l'abandon du principe du paiement d'une taxe lors de la demande de titre de séjour et que soient revus les montants exorbitants de l'ensemble des taxes liées au droit au séjour des étrangers qui les poussent à rester dans la clandestinité». Le changement est à construire, selon FTA La politique d'immigration et d'asile, «incontournable pour la reconstruction du vivre-ensemble, bénéficiera incontestablement du changement de regard apporté par l'élection de François Hollande», relève, pour sa part, France terre d'asile, qui prévient toutefois que «l'ampleur de la tâche est immense tant le mal est profond». Aussi, pour traduire en actes ce changement, «il est nécessaire de modifier profondément la gouvernance du secteur». Cela passe par «la reconstruction d'un lien de confiance avec les différents acteurs afin de trouver les solutions de compromis sur des sujets très sensibles (asile, éloignement, rétention, régularisation)». Cela passe également par «le détachement de la politique d'asile des questions de sécurité, comme le préconise d'ailleurs le Parti socialiste». L'immigration reste rattachée à l'Intérieur, au moins jusqu'aux législatives Le nouveau ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a promis, jeudi dernier, à l'issue de la passation de pouvoirs avec son prédécesseur, Claude Guéant, qu'il n'y aura «ni angélisme, ni course aux chiffres en matière de sécurité, ni stigmatisation de communautés, d'une catégorie par rapport à une autre, notre pays a besoin de tempérance et de mesure, les Français vivent une période difficile». Jusqu'aux élections législatives, au moins, l'immigration restera intégrée au ministère de l'Intérieur. L'immigration a été rattachée à l'Intérieur, à la suite d'un remaniement du gouvernement de François Fillon en 2009. Les socialistes et les organisations de défense des droits des immigrés s'étaient alors insurgés contre cette réforme. Au début de son quinquennat, Nicolas Sarkozy avait instauré un «ministère de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire», qui avait été fortement critiqué à cause de l'association «immigration» et «identité nationale». Manuel Valls, le nouveau ministre de l'Intérieur, maintiendra-t-il les objectifs d'expulsion des immigrés en situation irrégulière fixés par son prédécesseur Claude Guéant ? L'idée d'une régularisation massive des clandestins n'a toutefois pas été retenue par François Hollande. Candidat, François Hollande avait affirmé que le nombre de régularisations ne dépasserait pas, annuellement, le chiffre actuel d'environ 30 000, mais qu'elles se feraient sur des critères «précis» et ne sera pas laissée à la discrétion des préfets. Et d'ajouter qu'un étranger en situation irrégulière «a vocation à être reconduit» dans son pays.