L'école vue par les Algériens. Voilà un sujet bien corsé qui a de quoi alimenter de longues et passionnantes discussions. El Watan a résolu d'en faire un sujet de sondage, en partenariat avec l'institut Ecotechnics. Réalisé selon la méthode des quotas, ce sondage d'opinion a été mené entre le 23 et le 29 septembre dernier et a touché un échantillon de 1243 personnes issues de 74 communes. Le questionnaire soumis aux personnes sondées s'est évertué à embrasser toute la problématique d'une école que l'on se plaît à qualifier de « sinistrée ». Que pensent les Algériens du rôle qui devrait être assigné à l'école ? Quid du niveau et de la qualité de l'enseignement dispensé ? Quel est leur avis sur le retour du français dans les programmes ? Que pensent-ils des méthodes pédagogiques en vigueur, de l'enseignement de tamazight, ou encore, sujet qui a emballé l'opinion cet été, du nouveau week-end et son impact sur l'agenda scolaire ? Voici en gros l'écheveau des questions qui ont structuré ce sondage.Les tendances qui se dégagent, est-il aisé de le deviner, plaident sans hésitation pour une réforme autrement plus hardie du système éducatif actuel qui souffre, déplore-t-on, de problèmes de vision, de management et de méthode. Sur le rôle de l'école, la majorité des personnes sondées (93%) estime qu'il consiste en premier chef à compléter l'éducation donnée par les parents. Pour ce qui est du niveau de l'enseignement délivré par l'école algérienne, seuls 20% le jugent satisfaisant. Quelque 49% des personnes sondées trouvent la qualité de l'enseignement prodigué tout juste moyenne. Concernant la méthode pédagogique utilisée, 59% pensent qu'elle privilégie la mémorisation et la restitution mécanique des connaissances acquises au détriment de l'esprit critique. Sur la question « controversée » du statut de la langue française et sa place dans l'enseignement, il ressort de ce sondage que 59% des Algériens sont favorables à l'introduction du français dans l'enseignement, particulièrement dans celui des matières scientifiques et techniques. Un autre groupe de questions a porté sur les solutions à imaginer afin d'améliorer la prestation de l'école algérienne. 63% des personnes sondées ont été unanimes sur au moins trois points. Les Algériens souhaitent voir des enseignants mieux formés, un emploi du temps soulagé pour les élèves et des méthodes pédagogiques plus inventives. D'aucuns insistent sur la nécessité d'assurer une formation continue aux instituteurs de façon à ce qu'ils actualisent leurs connaissances. La même enquête montre une inquiétude grandissante des parents d'élèves quant à la surcharge des classes. On déplore par ailleurs la dimension « antipédagogique » du volume horaire, pour les élèves de l'enseignement primaire en particulier. Il est également souhaité une révision des programmes dans le sens d'un meilleur « dosage » des matières, avec priorité aux matières scientifiques, aux langues étrangères et à l'outil informatique. Sur les méthodes pédagogiques employées, les Algériens attendent des techniques « plus attrayantes » dans la transmission du savoir. L'accent est également mis avec acuité sur les relations professeur-élève et sur la nécessité d'accorder plus de considération à la personnalité de l'écolier et son potentiel, tout en bannissant les méthodes coercitives. Au sujet du nouveau week-end, 57% des sondés adhèrent à la semaine de 5 jours en milieu scolaire. En revanche, 48% voient d'un mauvais œil l'allongement de l'année scolaire au 5 juillet pour compenser la demi-journée perdue. Autre mérite du sondage d'Ecotechnics : il permet de mesurer la pénétration des écoles privées dans les mœurs. Il ressort que seules 0,9% des personnes interrogées ont des enfants inscrits dans des établissements privés. Le recours aux cours particuliers est le fait de 24,2% des sondés. On notera également la place grandissante qu'occupent les madariss qoraniya dans le cursus de nos élèves. En effet, 34% des parents approchés ont déclaré que leurs enfants suivaient des cours coraniques. Pour l'enseignement de tamazight, 21% affirment que leurs enfants reçoivent des leçons de cette langue. On retiendra enfin que 38% des personnes questionnées sont pour « tamazight di lakul ».