Autant d'argent dépensé en 20 ans pour presque rien. Mais l'Etat semble encore disposé à refaire la même opération. 1500 milliards de DA pour la restructuration des entreprises publiques. C'est ce qu'a dépensé l'Etat de 1990 à ce jour. Cet investissement colossal injecté pour la sauvegarde du tissu industriel public n'a pourtant pas eu les résultats escomptés. Seulement 450.000 postes d'emploi ont pu être sauvés, alors que les entreprises concernées par les plans de restructuration sombrent dans l'endettement avec une incapacité chronique à se restructurer. «Les 1500 milliards de DA auraient pu servir à la création de 2 millions de postes d'emploi et améliorer la productivité des entités ayant bénéficié de l'aide», affirme une source proche du dossier. Autant d'argent donc dépensé pour presque rien. Ce sont des milliards jetés par les fenêtres. Mais l'Etat semble encore disposé à refaire la même opération. La loi de finances 2009 a autorisé le Trésor public à procéder à l'assainissement financier des entreprises et des établissements publics déstructurés. Le financement de cette opération est assuré par des ressources budgétaires ou d'emprunts, ainsi que par le traitement par le Trésor des créances de ces entreprises. Le texte ajoute que les subventions d'exploitation des entreprises et établissements publics sont directement prises en charge par l'Etat. Le secteur public qui vit au rythme de la déstructuration et la restructuration depuis deux décennies, est au coeur de la nouvelle stratégie du gouvernement. L'on sait, d'ores et déjà, que 10 grandes entreprises vont bénéficier d'une aide, d'un plan de sauvetage. L'Etat mettra encore une fois la main à la poche pour tenter un énième plan de sauvegarde. L'on sait aussi que la Société nationale des véhicules industriels (Snvi) va bénéficier d'un effacement de sa dette estimée à 60 milliards de DA. Mais ce n'est pas tout. Son premier responsable, M.Chahboub, estime que cela ne suffit pas. Le groupe a besoin encore d'un fonds de roulement. Il faut dire que les pouvoirs publics nourrissent l'ambition de faire du tissu industriel public le pivot du redéploiement à opérer dans le cadre de la nouvelle stratégie industrielle. Un redéploiement à opérer à travers l'assainissement des dettes des entreprises publiques viables, mais aussi via un redressement managérial efficient. Il faut rappeler que l'Etat a décidé de geler les découverts financiers de 146 entreprises publiques non performantes en attendant l'élaboration d'un plan de redressement financier qui sera décidé par un comité interministériel. Sur près de 1000 entreprises, on en a dénombré seulement 200 classées viables. Pour ce qui est du groupe «viable», c'est-à-dire les entreprises qui ont des perspectives de marché, à savoir celles qui sont en mesure de répondre au plan de charge du marché et de créer des emplois en Algérie, elles bénéficieront d'un plan de redressement intervenant comme levier de l'activité économique. En Algérie, c'est carrément le retour à la politique «protectionniste». Afin de justifier cette nouvelle orientation, le gouvernement se réfère à la position des puissances économiques mondiales durant la crise économique. L'Exécutif est même allé plus loin en suspendant les négociations «Open Sky», pour «protéger» Air Algérie, incapable de concurrencer les compagnies étrangères, selon le ministre des Transports, Amar Tou. Toutefois, les observateurs doutent de l'efficacité de cette démarche. «Nous avons hypothéqué des milliards de dollars qui appartiennent aux générations futures, ´´en vain´´». Pour les experts, cette politique va amener les futurs gouvernements à venir, encore une fois, dans quelques années, à la rescousse des entreprises publiques.