Si pour ce qui concerne l'équipe nationale et les autres sélections, le recyclage des entraîneurs, la politique de développement, la fédération a franchi un cap qualitatif, il n'en est pas de même au chapitre du football amateur. Ce dernier est pratiquement livré, pieds et poings liés aux féroces appétits de prédateurs tapis dans l'ombre des structures. La fédération porte une lourde responsabilité dans ce qu'est devenu le football amateur. Ceux qui «trônent» au niveau des ligues depuis des lustres et qui se préparent à décrocher un autre mandat, comme on enfile des perles, agissent en toute impunité, violent la réglementation, encouragent la corruption quand ils ne la pratiquent pas, ont établi un «ordre» auquel ils se soumettent par le biais d'une collusion d'intérêts aussi sordides que vils. C'est cela la tragique réalité du football amateur. Cette fin de saison n'a pas échappé aux précédentes en matière de graves dépassements commis par des ligues. Pour masquer un tant soit peu cette lamentable situation, des ligues en appellent à la «solidarité» entre elles pour étouffer dans l'œuf toute contestation. De nombreux clubs, toutes divisions confondues, ont été «bâillonnés» faute d'attention et d'oreilles attentives de la part de ceux qui ont le devoir de veiller sur la sincérité de la compétition et surtout de protéger les clubs amateurs contre toute sorte de dérive commise par leurs propres structures. Certains clubs arrivent parfois à faire entendre leur voix. C'est le cas dernièrement du CA Kouba et l'Olympique de Oued Fodda, victimes d'une véritable cabale de la part, respectivement, de la Ligue Interrégions, Ligue amateur et Ligue de Blida. La LIRF et la LNFA ont usé de procédés indignes, de faux, de falsification de dates, de violation des règlements généraux pour commettre un véritable déni de droit en défaveur du club koubéen (Interrégions). La LIRF et la LNFA «soudées par le pacte de solidarité» qui les lie, sont allées encore plus loin. A l'issue d'un match, l'arbitre directeur a signalé sur la feuille de match que le trio a été agressé par 6 joueurs et fait l'objet d'une tentative d'agression de la part de 6 autres. La commission juridictionnelle de la LIRF a convoqué l'arbitre directeur et lui a demandé de modifier son rapport «en présence du président de la LIRF, Mohamed Boukaroum». Courageux, le referee a refusé l'injonction et a informé sa hiérarchie (commission fédérale des arbitres). Qu'à cela ne tienne. La LIRF a pris en considération le rapport du délégué pour suspendre seulement 3 joueurs des 12 signalés, et ce, en contradiction flagrante avec l'instruction de la FAF du 17 avril 2012 qui stipule que les commissions juridictionnelles doivent tenir compte uniquement des éléments portés sur la feuille de match. L'article 98 du code disciplinaire de la FIFA, dont s'est inspiré le rédacteur de l'instruction de la FAF, stipule que lorsqu'il y a divergences entre le rapport de l'arbitre et celui du délégué, il faut tenir compte exclusivement de celui de l'arbitre lorsqu'il s'agit de faits qui se sont produits sur l'aire technique (le terrain). La fédération peut-elle admettre cette dérive ? La question reste sans réponse pour le moment, même si beaucoup demeurent convaincus qu'elle la couvre. La preuve, les instances du football ont été informées de ce scandale et se sont murées dans le silence et la «solidarité», en faisant corps avec les «foyers» qui alimentent la colère, la violence dans les stades et leur corollaire le plus vil, à savoir la corruption. Le club de Oued Fodda, Régionale I de la Ligue de Blida, a étalé les preuves que l'IB Mouzaïa a utilisé 28 joueurs au lieu des 25 autorisés par les règlements, et ce, à la faveur d'une fraude couverte par la Ligue et qui a consisté à établir quatre licences pour huit joueurs. C'est un scandale ! Un de plus ou un de trop, c'est selon. Oued Fodda a transmis à la FAF un dossier complet sur cette affaire et attend toujours une réaction de cette dernière. Des affaires similaires à celles du CAK et Oued Fodda sont légion dans le football algérien. La Ligue d'Oran, elle, s'est permis de se substituer au Bureau fédéral et à l'assemblée générale pour décréter qu'un club peut remplacer l'ambulance par un véhicule particulier. Qu'attend la Fédération pour nettoyer les écuries d'Augias ?, se demandent les amateurs du ballon rond. Ce qui est dramatique, c'est que les auteurs de ces graves fautes «fonctionnent» en toute impunité et clament haut et fort qu'ils jouissent de la «protection d'en haut». Est-il possible que de pareilles choses puissent avoir cours dans le football algérien ? Il faut que cela cesse et que justice soit rendue.