Pour le seul mois de septembre, ce ne sont pas moins de trois policiers qui ont perdu la tête, engendrant de véritables carnages. Dans la commune de Zitouna, wilaya d'El Tarf, un policier, père de deux enfants en bas âge, tire sur sa femme avec son arme de service, la tuant sur le coup. Quelques minutes après, il retourne son arme contre lui, se tuant d'une balle entre les deux yeux. Deux semaines plus tard, cette fois-ci à Tissemsilt, un policier a tué son ami d'une balle avec son arme de service. A l'origine du drame, qui a eu lieu au matin de l'Aïd El Fitr, une simple altercation entre les deux hommes. Mais le forcené qui a fait le plus de victimes durant ce mois de septembre est un agent de l'ordre public d'une commune de Annaba. Une dispute de voisinage, pour une histoire d'eau. Le ton monte et l'irréparable se produit. Dégainant son arme de service, le policier tue deux hommes, avant de prendre la fuite. Si ces drames semblent être le fruit d'un « accès de folie », ou de nerfs mis à rude épreuve à longueur d'année qui « lâchent », d'autres récits rapportés par la presse sont quant à eux tout autres. Prémédités, réfléchis, ces meurtres ont été accomplis de sang froid. En juin dernier par exemple, dans une localité d'Oran, un policier, en civil, s'introduit dans l'enceinte d'un chantier, interpellant un des ouvriers, arme de service au poing, il isole ce dernier et lui tire une balle en plein cœur, le tuant sur le coup. Et c'est d'ailleurs pour une histoire de « cœur », qu'en janvier, une policière d'Annaba, suite à une déception sentimentale, décide de se venger de son ex-fiancé. En pleine rue, elle ouvre le feu sur les sœurs de l'homme indélicat, les blessant grièvement. L'expertise psychiatrique et psychologique décela chez la jeune femme une dépression nerveuse, qui semble « justifier » ce crime. Mais ces dérives peuvent-elles vraiment s'expliquer ? Portant un badge et une arme suscite-t-il un sentiment de puissance et d'impunité tels que l'on en fait usage à la moindre vexation ? Une chose est toutefois sûre : les agents censés œuvrer à la sécurité des citoyens sont parfois ceux-là mêmes qui provoquent l'insécurité.